Bernard Litzler

La mer qui tue

Bernard Litzler

La mer charrie des corps. Scènes insoutenables qui se jouent à nos portes. La Méditerranée devient, jour après jour, un cimetière pour des centaines d’Africains venus chercher refuge en Europe.

Quand la détresse dope l’envie de partir, quand la météo pousse au départ, quand les passeurs profitent de la recherche d’un avenir meilleur, quand les conflits alimentent les rejets religieux ou ethniques, tout est réuni pour une répétition des drames. Avec une question incessante: que pouvons-nous y faire?

L’Italie assume davantage que sa responsabilité au sein d’une Union européenne qui étale sa désunion. L’Europe, eldorado désirable et difficile d’atteinte, ne sait comment faire face. La Méditerranée, «Mare Nostrum» (notre mer), devient infernale, faucheuse de vies. Hommes, femmes et enfants, ils espèrent. Hommes, femmes et enfants, ils s’entassent sur des bateaux. Hommes, femmes et enfants, ils croient en leurs chances. Tous, hélas, n’arrivent pas au but. Et que leur offre l’Italie, sinon un asile qui leur bouche l’horizon? La route du nord leur est barrée, espace Schengen oblige.

La botte italienne habille, sans le vouloir, le pied qui les shoote hors de l’Union? La botte, ils la croyaient de sept lieues pour se rendre en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Scandinavie. Hélas, l’Europe se ferme, officiellement. Et la voie maritime, celle des plus démunis, devient un chemin impossible. D’autres voies existent, pourtant, car l’Europe a besoin de bras. Mais chut!… Le sujet est trop délicat, politiquement parlant. Et quelle personnalité politique osera clamer que ces forces, nous en auront besoin, tôt ou tard? En attendant, la mer charrie des corps et nous détournons le regard.

Les migrants traversent souvent la mer au péril de leur vie. | © Coast Guard News/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
20 avril 2015 | 16:13
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
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