Jeanne-Marie Ambly

L'Evangile de dimanche: D’une parole légaliste à une parole fondatrice

Mc 10, 2-16

En ce dimanche où s’ouvre à Rome le synode sur la famille, la liturgie nous donne justement à entendre une discussion entre Jésus et les pharisiens sur le couple humain. Plus que le contenu du débat, observons les positions de parole et d’écoute des interlocuteurs.

Les pharisiens abordent Jésus pour le mettre à l’épreuve, lui tendre un piège traduisent certaines bibles. Ils sont loin d’une écoute bienveillante. Leur question porte sur ce qui est permis. Jésus ne leur répond pas, mais les renvoie à Moïse «Que vous a prescrit Moïse ? ” Le déplacement de ce qui est permis à ce qui est prescrit demande qu’on s’y arrête un peu. Ce qui est permis pose la question des limites : jusqu’où peut-on aller sans transgresser la loi ? Prescrire, c’est aussi poser des limites mais afin d’indiquer dans quelle direction marcher sans se perdre et non pour se demander jusqu’où on peut aller sans enfreindre la loi. La question des pharisiens et celle de Jésus, à première lecture apparentées, révèlent en fait deux points de vue bien différents.

Les pharisiens tiennent au leur. Moïse a permis… , reprennent-ils. Nouvelle réponse de Jésus et nouveau déplacement. Il invite ses auditeurs, et les lecteurs que nous sommes, à quitter le point de vue juridique, le permis et le prescrit, pour remonter à la source : «Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme… ” Un commencement qui, plus qu’un lointain début dans le temps, est une origine, un fondement dans lequel s’enracine la réalité du couple homme-femme, aujourd’hui comme hier. Jésus donne la priorité à la parole qui fonde sur celle qui légifère. Mais un cœur endurci, sclérosé dit le grec, a tendance à se focaliser sur les limites de ce qui est permis plutôt que d’accueillir la parole fondatrice qui ouvre un chemin.

Après les pharisiens, puis les disciples qui, de retour à la maison, reviennent sur la question, voici des enfants que l’on amène à Jésus. Il est bon, après l’altercation avec les pharisiens qui cherchaient à le piéger, de voir Jésus leur ouvrir les bras. Ce n’est pas seulement par une tendance naturelle du cœur humain que Jésus leur fait bon accueil, mais parce qu’ils figurent l’attitude appropriée pour accueillir le royaume de Dieu et y entrer. Une attitude à l’opposé de la sclérose du cœur.

Puissent les participants au synode sur la famille accueillir avec un cœur d’enfant la parole fondatrice de notre Dieu sur le couple humain et baliser les chemins qui aujourd’hui permettront d’en vivre.

Jeanne-Marie d’Ambly | 2.10.2015


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (10, 2-16)

En ce temps-là,
des pharisiens abordèrent Jésus et,
pour le mettre à l’épreuve,
ils lui demandaient :
« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit :
« Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent :
« Moïse a permis de renvoyer sa femme
à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua :
« C’est en raison de la dureté de vos cœurs
qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création,
Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme,
et tous deux deviendront une seule chair.
Ainsi, ils ne sont plus deux,
mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison,
les disciples l’interrogeaient
de nouveau sur cette question.
Il leur déclara :
« Celui qui renvoie sa femme
et en épouse une autre
devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari
en épouse un autre,
elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants
pour qu’il pose la main sur eux ;
mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas,
car le royaume de Dieu
est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis :
celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu
à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait
en leur imposant les mains.

«Laisser venir à moi les petits enfants» James Tissot / Brooklin Muséum / wikimediacommons
2 octobre 2015 | 15:40
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!