Marie-Christine Varone

L'évangile de dimanche: Venir, voir, demeurer

Jn 1, 35-42 | Marie-Christine Varone

De mystérieux débuts… (1,35-39)

La scène de l’appel des premiers disciples racontée par Jean diffère beaucoup de celle de Marc (1,16-20 qu’il vaut la peine de relire pour sentir la différence).

Tout commence (vv.35-36) par Jean-Baptiste qui désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu (un titre qu’on ne comprendra pleinement qu’à la passion), ce qui suscite le suivre Jésus (v.37) de deux de ses propres disciples.

L’initiative du dialogue revient à Jésus (v.38); elle porte sur la quête de ces inconnus qui le suivent: «que cherchez-vous?».

Reconnaissant en Jésus un maître, ils l’interrogent à leur tour, non pas sur son identité ou son enseignement, mais sur un lieu: «où demeures-tu?».

La question peut s’entendre comme un «où résides-tu?», mais le lecteur du 4ème évangile sait que le verbe «demeurer» (40 usages dans cet évangile) revêt un sens particulier qui va se révéler tout au long de l’évangile. Il faut donc entendre la question un peu dans le sens de «comment te rejoindre? comment entrer en communion avec toi?»

Pas de réponse théorique de la part de Jésus, mais une invitation (v.39a) à venir et voir, suivie d’une obéissance (v.39b).

Résultat: «ils virent où il demeure«, mais le lecteur, lui, ne sait rien de plus sur ce «lieu». C’est donc que l’important ne consiste pas dans sa localisation géographique, mais bien dans ce que ce lieu suscite: «ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là». Premier sens possible: ils restèrent et séjournèrent avec lui, mais plus profondément (Jean aime ces doubles niveaux de lecture): ils s’établirent auprès de lui, dans son espace, voire dans son intimité.

Le lecteur n’en saura pas plus. Ce qui s’est passé est de l’ordre du secret, de la grâce d’une première rencontre. Et comme pour souligner l’importance de l’événement, l’évangéliste l’inscrit dans le temps (v.39c).

Tout baigne dans une atmosphère de mystère. Il suffit d’un mot de Jean-Baptiste pour mettre en route deux de ces disciples.

Une entrée en contact – dont Jésus a l’initative – assez étrange et qui va à l’essentiel: le désir qui habite ces hommes.

Des hommes qui répondent à la question de Jésus par une autre question: «où demeures-tu?».

Une invitation à venir découvrir ce «lieu» dont on ne sait toujours pas où il se situe, sinon qu’on pressent qu’il est en Jésus lui-même, pour ne pas dire qu’il est la personne de Jésus et qu’il conduit les disciples à entrer dans son intimité.

Autrement dit: un modèle de relation avec le Christ, laquelle ne peut se vivre que dans une atmosphère de mystère et de pudeur.

Une expérience à partager (1,40-42)

Comment garder pour soi une telle rencontre quand on a trouvé le Messie, c’est-à-dire le libérateur espéré? André conduit son frère à Jésus et Jésus confie à Simon la vocation qui sera la sienne: être le caillou, Pierre.

Là encore, rien d’anecdotique, mais une vocation rendue possible grâce à la médiation d’André qui est demeuré auprès du Christ et partage la joie de sa découverte.

Discrète invitation est faite au lecteur d’aller et de demeurer auprès de Jésus, puis de dire à son (ses) frère(s) ce qu’il a découvert de l’identité de Jésus, à savoir qu’il est le Sauveur.

«ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là»
16 janvier 2015 | 13:48
par Marie-Christine Varone
Temps de lecture: env. 2 min.
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