Bernard Litzler

Provocation

La révélation par un responsable de la Curie de son homosexualité, un coming out en anglais, a été un coup bien préparé. D’aucuns salueront l’aveu de Mgr Krysztof Charamsa, fait devant la presse internationale. Mais le lieu et le moment font de cet acte une grenade dégoupillée au moment où démarre le Synode sur la famille.

La question de l’homosexualité est un des points importants du Synode, mais il n’est – et de loin pas – le seul. Le Synode veut cheminer avec les familles et toutes les familles catholiques du monde. Vaste chantier qui ne peut se résumer à un seul sujet et à un ensemble de «coups» pour saper les débats. De surcroit, l’aveu de Mgr Charamsa va alimenter la thèse du «Tous pareils au Vatican», inexact et réducteur. La Curie romaine n’avait pas besoin de cela. Son rôle est déjà si contesté qu’il n’est nul besoin de rajouter une couche à la suspicion entourant les prélats romains.

Et l’Eglise polonaise, également, sort meurtrie de cet aveu. Après avoir connu la pédophilie à travers Mgr Joseph Wesolowski (retrouvé mort, avant son procès, dans l’appartement du Vatican où il était assigné à résidence), voilà qu’elle doit répondre de l’homosexualité d’un autre de ses membres. L’Eglise d’origine de Jean Paul II a du travail en perspective.

Néanmoins, l’aveu de Mgr Charamsa a le mérite de la clarté. Il montre que, désormais, en Eglise, des déclarations encore inimaginables il y a peu de temps sont possibles. Et le fait que le prélat travaille à la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’ancien Saint-Office, donc le gardien du dogme, ajoute au côté insolite de la situation. Car il n’est sans doute pas le seul à mener une double vie, au Vatican ou ailleurs. Mais comment concilier des états de vie épanouissants avec les ministères consacrés, orientés vers l’annonce de la Bonne Nouvelle? Le débat est vaste. Mais la révélation faite le 3 octobre par Mgr Charamsa a le goût de la provocation. C’est «très grave et irresponsable», a indiqué le Père Lombardi, porte-parole du Saint-Siège. On ne peut mieux dire.

5 octobre 2015 | 14:43
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
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