Rencontre de mouvements réformateurs dans l'Eglise en avril 2015 à Limerick en Irlande (Photo: Markus Heil / DR)
International

2e rencontre internationale des Initiatives pour des réformes dans l'Eglise

Zurich, 19 avril 2015 (Apic) Du 13 au 16 avril 2015 s’est déroulée à Limerick en Irlande la 2e rencontre internationale des Initiatives des prêtres et des paroisses pour des réformes dans l’Eglise. Les participants ont demandé aux évêques de mettre davantage en pratique les propositions audacieuses du pape.

Le rassemblement a été organisé par le mouvement irlandais «Association of Catholic Priests». Lors de la première édition, en 2013 à Bregenz en Autriche, les délégués avaient pris conscience que des changements dans l’Eglise ne pouvaient émerger que de la collaboration entre les agents pastoraux et le peuple de l’Eglise. C’est pourquoi, cette année, la rencontre a vu la présence de représentantes et représentants des paroisses et des Initiatives des paroisses.

Parmi les pays représentés à Limerick figuraient notamment les Etats-Unis, le Canada, l’Inde, l’Australie, la Grande-Bretagne, l’Irlande, l’Italie, la Slovaquie, la Suisse et l’Autriche. Des membres du mouvement international «Nous sommes l’Eglise» étaient également de la partie.

Markus Heil, président de l’Initiative des paroisses en Suisse, a répondu aux questions de kath.ch sur l’apport de cette rencontre pour les mouvements de réforme dans l’Eglise catholique en Suisse.

Kath.ch: Markus Heil, quels étaient les principaux thèmes de la rencontre de cette année?

Markus Heil: La collaboration et la prise en compte mutuelle des différentes vocations et cultures ont été des thèmes importants. Il a été beaucoup question en particulier des droits des femmes dans l’Eglise.

Un 2e thème qui reste important est le soutien aux paroisses, qui sont contraintes un peu partout dans le monde de fusionner ou de disparaître. Il existe diverses initiatives pour exercer des stratégies de défense afin de ne pas assister sans réagir à cette «fusionnite».

En 3e, je citerais la question suivante: Comment pouvons-nous encourager nos évêques à contribuer à la réalisation des différentes impulsions du pape François dans nos communautés locales?

Kath.ch: Quelle a été l’importance de cette rencontre pour l’Initiative des paroisses en Suisse?

M.H: J’ai pu préparer cette session avec Tony Flannery de l’»Association of Catholic Priests» et la diriger avec deux autres modérateurs. Cela a été une prestation claire et importante de l’Initiative des paroisses pour ce réseau international.

Ensuite nous avons pu amener les discussions que nous avons en Suisse sur la bénédiction des couples de même sexe, tout comme sur la poursuite des travaux avec la communauté des homosexuels, lesbiennes, bisexuels et transsexuels. Cela a touché en particulier les expériences en lien avec les réponses au questionnaire en vue du Synode sur la famille.

Kath.ch: Avant la rencontre, vous aviez souligné votre intention de voir de quelle façon les mouvements de réforme pourraient mettre en oeuvre leurs objectifs. A quels résultats les participants sont-ils arrivés?

M.H: Nous avons mené un dialogue intense, émotionnel et sincère sur le rôle de la femme dans l’Eucharistie. Les femmes, tout comme les prêtres, ont pu exprimer de façon impressionnante leur douleur au sujet des blocages actuels. Finalement, nous avons pris conscience que nous devions opter pour d’autres formes liturgiques pour nos chants et prières en commun. Les blessures des femmes, qui ne peuvent pas présider l’Eucharistie, nous indiquent qu’il ne faut pas poursuivre la répartition actuelle des rôles dans la liturgie. Mais les peurs des prêtres et des mouvements de réforme sont encore trop grandes pour entreprendre une percée dans ce domaine. Ce dialogue a néanmoins constitué un pas important pour l’avenir.

Kath.ch: Où les participants voient-ils des convergences entre leur programme de réformes et la vision du pape François?

M.H: Tout comme beaucoup d’autres personnes, nous sommes séduits par les accents du pape, pourtant notre impatiences va croissante. Concernant les évêques dans presque tous les pays représentés, nous ne sommes pas seulement impatients, mais surtout déçus de voir que d’une manière ou d’une autre rien ne se fait. Le pape a dit à l’évêque austro-brésilien Erwin Kräutler que les évêques devaient lui faire des propositions courageuses. Kräutler a émis la proposition de découpler l’Eucharistie et le célibat. De la part des évêques des pays représentés, aucune requête de ce type n’a été exprimée auprès du pape. Lors de notre rencontre, il a donc moins été question du pape que de l’inaction de nos évêques.

Lorsque nos évêques disent quelque chose, ils le font avec une telle prudence que cela n’a vraiment plus grand-chose à voir avec le franc-parler, l’ouverture et la joie du pape François. De la part de la Conférence des évêques suisses, je souhaite une communication marquée par beaucoup plus de sincérité que les deux phrases sèches avec lesquelles elle a transmis sa prise de position sur la bénédiction des couples homosexuels.

Kath.ch: Comment se poursuivra l’Initiative des paroisses en Suisse et ses activités?

M.H: L’Initiative des paroisses agit d’une part comme partenaire dans ce réseau international et également comme partenaire de l’alliance «Ça suffit!» (Es reicht). Nous faisons donc beaucoup moins cavalier seul et nous cherchons à utiliser au mieux les ressources à disposition.

En même temps, nous avons pris conscience que nous devons bâtir à plus long terme et nous avons fondé à cet effet une association afin d’être vraiment pris au sérieux et de pouvoir mieux gérer les contributions financières.

Enfin, nous nous réjouissons de participer à des discussions comme celle sur la bénédiction des couples de même sexe et de développer de telles thématiques entre nous. Le travail ne manque pas!

 


 

Encadré:

L’Initiative des paroisses en Suisse, qui s’engage entre autres en faveur de l’intercommunion entre fidèles de différentes confessions chrétiennes, est soutenue par plus de 540 agents pastoraux (prêtres, diacres et laïcs). 1080 autres personnes soutiennent leurs activités. Son origine remonte à septembre 2012, lorsqu’un mouvement formé d’agents pastoraux de Suisse alémanique a prôné une «attitude de désobéissance» notamment en matière de distribution de la communion aux fidèles d’autres confessions et aux divorcés-remariés, ou encore en faveur d’une prédication assurée lors de la messe par des laïcs, hommes ou femmes, bien formés théologiquement. Ce mouvement est devenu l’association «Pfarrei-Initiative-Schweiz» le 12 décembre 2014 à Zurich.

(apic/sys/bb)

Rencontre de mouvements réformateurs dans l'Eglise en avril 2015 à Limerick en Irlande
19 avril 2015 | 15:12
par Bernard Bovigny
Temps de lecture: env. 4 min.
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