Homélie du 13 décembre 2015 (Lc 3, 10-18)

Abbé Philippe Matthey – Eglise Notre-Dame des Grâces, Grand-Lancy, Genève

Troisième dimanche de l’Avent

Lectures bibliques : Sophonie 3, 14-18°; Cantique: Isaïe 12, 2-3.4bcd.5-6; Philippiens 4, 4-7;  Luc 3, 10-18


Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?

Cette question si fréquente dans nos vies laisse place à toutes les angoisses, mais aussi à toutes les promesses, et même à toutes les audaces. Oui, il en faut de l’audace pour répondre à la triple question de l’évangile de ce jour. En effet, à trois reprises la Parole de Dieu nous donne la réponse : pousser des cris de joie. Le prophète Sophonie, puis le psalmiste, puis l’apôtre Paul se risquent au même appel : Frères, soyez toujours dans la joie !

Est-ce bien raisonnable d’exulter de joie dans un monde marqué par la violence, la peur et la domination des plus forts ? Comme au temps des prophètes et des apôtres, force est de constater qu’aujourd’hui, ce qui se remarque en premier, ce sont plutôt les obstacles à la joie. N’ayons pas peur, car la joie n’est pas la recette miracle qui nous promettrait un monde d’autant plus merveilleux qu’il n’existerait que dans l’illusion.

En voyant notre monde, il faut chercher pour trouver la joie. Comment faire ? En prenant ce chemin du temps de l’Avent comme le temps de l’impatience ! Chemin de la crèche qui nous conduit dans les petites joies de la vie jusqu’à la grande joie que Dieu nous partage.

Où est-il Dieu ? Plus précisément, où est-il Jésus ?

Cette question bien légitime est depuis deux semaines la question des multiples visiteurs de la crèche dans la ville. C’est en venant de notre vie quotidienne dans la ville que nous sommes entrés dans cette église avec des paniers vides.
Il y a plein de vides à remplir dans nos vies et, aujourd’hui, nous osons les amener en nous avançant avec nos désirs et nos attentes.

Cette question ? Où est l’enfant Jésus ? Où est la crèche ? Dieu ne s’impose pas mais il se découvre dans tous ces visages qui en sont les signes. En prenant le chemin de la crèche nous ne voyons pas Jésus se présenter dans l’éclat et le faste. Nous voyons la vie quotidienne d’un village avec ses artisans, ses travailleurs de la terre, de la vigne et du pain. Nous voyons également ses jeux et ses auberges, ses animaux fidèles compagnons des hommes.
Il nous faut chercher pour découvrir la paille d’une étable vide. Elle est comme nos paniers, elle attend d’être remplie de vie.

Dieu est dans nos vides et nos manques

Oui, il faut chercher Dieu pour le trouver dans nos vies comme dans la vie du monde et alors nous découvrons qu’il n’est pas dans l’extraordinaire. Il est là dans nos vides et dans nos manques. Il est la joie de celles et ceux qui lui donnent une place toute simple dans le désir de leur cœur.
Plus tard Jésus nous donnera les paroles des Béatitudes. Etonnantes, elles ne font pas de grandes promesses mais elles annoncent le bonheur possible dans la pauvreté et le désir du cœur, dans la faim et la soif de la justice et de l’amour, dans la consolation de l’autre, dans la miséricorde et la douceur. Le bonheur ne s’obtient pas par la perfection d’une réussite, mais il se reçoit dans l’humilité.

Le chemin à prendre : celui de la crèche

Je vous invite  à prendre ce chemin de la crèche que des milliers de visiteurs ont pris avant nous. Et à découvrir que la joie est là, présente. On la retrouve dans la convivialité de la taverne. Au point qu’on aimerait s’arrêter pour prendre place à l’une des tables ou dans l’un de ces intérieurs bien au chaud.

Je vois aussi la joie dans cette pièce ouverte d’où on devine la musique des joueurs de violoncelle, de flûte et de tambourins. La musique habite la crèche peut-être parce qu’elle est un des langages privilégiés de Dieu.

Puis le chemin nous conduit vers la Parole de Dieu, nourriture si essentielle de la vie de ses enfants. Parce que c’est toujours la parole de l’amour qui nous met en confiance et nous engage dans les choix de nos existences. Dieu est là dans ces bergers qui passent à la boulangerie de notre pain quotidien pour nous mener jusqu’au pain de l’Eucharistie (là-haut au tabernacle.)
Mais où est Dieu, disaient les visiteurs cherchant le lieu unique de la Nativité ?Et voilà que nous découvrons qu’il est là dans ces lieux multiples de vie et de joie. Le même Dieu habite l’étable qui l’attend, les maisons qui l’accueillent, le livre qui le raconte, la table qui le donne et même la croix où il se donne.

Rendre grâce avant de faire connaître nos demandes

Ce chemin de la crèche est comme une parabole des chemins de nos vies. C’est à nous d’y trouver ces lieux d’accueil, de chaleur humaine, de solidarité et de don de soi.
A ceux qui hésitent à bondir de joie avec Sophonie, à chanter et exulter avec le psalmiste, à vivre toujours dans la joie avec Saint Paul, à ceux qui sont inquiets, l’apôtre propose de rendre grâce avant même de faire connaître nos demandes. N’est-ce pas une bonne manière de voir le verre à moitié plein et de considérer que la moitié vide peut se remplir de ces petits gestes d’humanité que Dieu vient nous suggérer ?

La réponse aux questions d’aujourd’hui

Que devons-nous faire, demandent les foules, puis les publicains, puis les soldats de l’évangile ? Qu’est-ce qu’on va faire maintenant, se demandent les hommes de bonne volonté d’aujourd’hui ? La réponse de Jean est simple : partager, ne pas vouloir plus que ce qu’on a, et ne pas faire de mal aux autres. Tellement simple qu’on peut en sourire. Ce sourire n’est-il pas le signe que la joie de Dieu est en nous ?

Les questions d’aujourd’hui trouvent ainsi leur réponse.


Lien : La crèche géante


Photo:cath.ch Photo:cath.ch

 

 

Crèche/cath.ch
13 décembre 2015 | 10:15
Temps de lecture: env. 4 min.
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