Bernard Litzler

Accueillir et accompagner

Il y quatre verbes: accueillir, accompagner, discerner, intégrer. Quatre verbes forts, employés dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia (2016), que le pape François reprend inlassablement. Notamment dans le livre d’entretiens avec le sociologue français Dominique Wolton, Politique et société, publié récemment (Ed. L’Observatoire). Car la question taraude l’Eglise: comment faire passer le texte du pape dans la pastorale ordinaire?

Ces quatre verbes, quatre critères déterminants pour François, dessinent la trame de sa pensée. Il dit à Wolton: «On m’a tout de suite demandé: ›Mais peut-on donner la communion aux divorcés [remariés]?’. Je réponds: ›Parlez donc avec le divorcé, parlez avec la divorcée, accueillez, accompagnez, discernez’. Hélas, nous les prêtres sommes habitués aux normes figées. Et c’est difficile pour nous…».

Difficile donc aussi pour les évêques. En Suisse, ils ont empoigné l’exhortation lors de leur dernière session commune, début septembre. Et l’application d’Amoris Laetitia en Suisse a fait l’objet d’un communiqué, long et documenté. Mais en français uniquement… Les versions allemande et italienne vont suivre, annonce la Conférence des évêques. Tant mieux, mais la communication avec une première version en français laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, comme savent en faire les médias.

La version allemande sera-t-elle équivalente? Ce retard inhabituel dans les traductions cache-t-il des enjeux? Les questions ne sont pas anodines, car au plus haut niveau, des prélats se sont émus des ouvertures, jugées trop larges, d’Amoris Laetitia. Et les tenants d’une ligne stricte à l’égard des personnes divorcées existent, on le sait.

Le Synode des évêques de 2014 et 2015 a permis de forger un texte dans l’esprit du pontificat actuel. La Joie de l’Amour (Amoris Laetitia) ouvre des portes vers une pastorale patiente et accueillante. Quand les évêques suisses emboîtent le pas au pape François, on ne peut que se réjouir. Tout en espérant que l’ensemble de l’épiscopat partage les vues du «pontifex», le bâtisseur de ponts qui accueille les rejetés de l’Eglise.

 

Divorce
13 septembre 2017 | 17:38
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
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