Nicolas Betticher

Diagnostic préimplantatoire (DPI): aux urnes!

Nicolas Betticher

14 juin: le peuple votera sur une des questions les plus délicates qu’une société ait à trancher. Diagnostic préimplantatoire: faut-il modifier la Constitution fédérale, notre Charte qui constitue l’idéal de notre société? Mais de quel idéal parle-t-on? Une société parfaite, sans enfants malades, handicapés, sans failles? Si nous disons oui à cette modification constitutionnelle, la loi qui ouvrira la porte au dépistage, par exemple de la trisomie, sera applicable.

Doit-on autoriser tout ce qui est médicalement possible? Le débat est lancé. Il est émotionnel. Il faut absolument dépasser ce stade pour arriver à un débat approfondi et sérieux. Car il s’agit d’un sujet qui concerne toute la société, les futures générations aussi.

Le débat est nourri par des arguments parfois surprenants: exemples: il faut rappeler aux parents leur responsabilité de ne pas mettre au monde un enfant gravement malade…; la volonté des parents d’avoir des enfants doit primer sur la vie d’un embryon (en bonne santé ou pas)…; des politiciens handicapés se sont dits «rescapés» du DPI….; il suffit d’aller à l’étranger pour obtenir un DPI, donc il faut le permettre en Suisse…; il vaut mieux détruire un embryon malade que de l’implanter et proposer par la suite un avortement…..

Le Conseil National a opté pour un élargissement du dépistage, il a renoncé au bébé sauveur et n’a pas voulu limiter le nombre d’embryons. On a l’impression que le débat tourne davantage autour de la technique médicale que de l’avenir de l’être humain, voire de la société elle-même, faisant fi parfois de la bonne intelligence scientifique. Le débat nous concerne tous!

Des questions fondamentales doivent être posées, sans fausse pudeur ou crainte de déplaire:

  • Qu’est-ce qu’un embryon? Un ensemble de cellules vivantes ou une personne humaine qui se développe?
  • Quelle est la responsabilité de la société et partant des parents? Celle du corps médical?
  • Quel regard posons-nous sur le handicap? Comment l’accueillons-nous dans notre société?
  • Que faire des embryons en bonne santé qui ne seront pas implantés?
  • Quel est ontologiquement la différence entre un dépistage préimplantatoire et un dépistage prénatal?
  • Où commence l’eugénisme?
  • Quels risques de dérapage de la technique médicale,
  • etc.

L’Eglise catholique donne des réponses à toutes ces questions. Elle part du principe que la vie humaine ne nous appartient pas, qu’elle est sacrée. Cette thèse conduit à un respect absolu et nécessaire de la vie humaine à naître, que l’embryon soit implanté ou non. De là découlent toutes les autres réponses, fidèles à une anthropologie chrétienne éclairée.

Mais il est important de préciser que l’Eglise en tant qu’Institution ne doit pas laisser croire qu’elle a le monopole de la vérité en la matière. Elle est servante de la Vérité et doit dès lors participer à ce débat de société, bien humblement, avec la clarté voulue, non pas pour convaincre une majorité, mais pour éclairer nos consciences individuelles et collectives.

Cessons de vouloir une société superficiellement parfaite! Car la vraie perfection réside dans le fait d’accepter la différence non pas comme un obstacle, mais comme une chance de vérifier sans cesse la perfection!

Le débat est lancé. Toute la société est invitée à réfléchir. Il s’agit de modifier notre Charte fédérale et de permettre d’aller plus loin encore dans la technique médicale, peut-être trop loin.

«Qu’est-ce qu’un embryon? Un ensemble de cellules vivantes ou une personne humaine qui se développe?»
11 mai 2015 | 10:12
par Nicolas Betticher
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