Guy Musy

L'Evangile de dimanche: Etapes d’une vocation

Dans les textes proposés par la liturgie de ce dimanche, trois prophètes ou trois «envoyés» font le récit de leur appel en mission: Isaïe, huit siècles avant notre ère, Simon appelé aussi Pierre, disciple de Jésus de Nazareth et Paul qui fut son contemporain. Chacun parle de sa «vocation», pour utiliser une expression familière aux séminaristes et aux novices. Il y aurait même de nos jours de «camps» où s’éveillent et se fortifient les vocations.

D’étroites similitudes entre les trois cas relevés ce dimanche. Tout d’abord un phénomène initial où tout se décide. Un événement qui sort de l’ordinaire et du courant de la vie. Il donne lieu à une surprenante mise en scène. Dans le Temple, le prêtre Isaïe «voit» un Dieu terrifiant, entouré de séraphins ailés, comme autant de gardes de corps menaçants. Sur le lac, Pierre est surpris par une pêche aussi abondante qu’inespérée dont le poids fait chavirer sa barque et Paul, ébloui sur le chemin de Damas, entrevoit le visage de celui qu’il persécute.

Sommes-nous disposés à ramer en eau profonde?

A ce choc initial correspond la même consternation chez celui qui en est l’objet. Isaïe se voit déjà puni de mort parce qu’impur il a «vu» le Saint; Pierre se considère pécheur et coupable et Paul s’étonne que le Ressuscité s’est laissé voir à un avorton de son espèce, indigne de vivre. Le même sentiment d’impuissance et d’incapacité à répondre à l’inouïe et l’inédit de cette étrange manifestation.

Troisième étape du processus: l’encouragement. Le divin entre en scène pour habiliter ou réhabiliter le prophète. Les lèvres d’Isaïe sont purifiées avec le charbon de l’autel des sacrifices. Il est donc en était de parler. C’est fort de la parole de Jésus que Pierre jette à nouveau ses filets. Quant à Paul, il est envahi par une grâce imméritée qui multiplie ses énergies.

Enfin, l’envoi. Isaïe se dit prêt à porter devant les hommes une parole qui ne vient pas de lui. Pierre part de nouveau à la pêche, mais cette fois-ci pour remplir la barque de croyants en Jésus Christ et Paul va au charbon, construire les premières communautés chrétiennes.

Toute «vraie» vocation devrait passer par ces quatre étapes fondamentales: une rencontre initiale surprenante, où se dessine un appel à l’intérieur d’une étrange manifestation. Un sentiment de profonde indignité devrait suivre cette expérience. Puis, non par l’exaltation ou l’euphorie, mais la certitude d’avoir reçu un réconfort surnaturel pour donner suite à l’appel perçu. Enfin, le départ en mission, sans regret ni partage, avec une disponibilité prête à assumer l’inconfort et la fatigue du voyage.

Alors, sommes-nous disposés à ramer en eau profonde? Un naufrage se profile à l’horizon si nous ne respectons pas la feuille de route de la vocation.

Guy Musy | 05.02.16


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

    En ce temps-là,
la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,
tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.
à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus,
en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée,
les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.

Vocations : communiquer aux jeunes la joie de suivre Jésus
5 février 2016 | 16:45
par Guy Musy
Temps de lecture: env. 3 min.
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