Chantal Reynier

Evangile de dimanche: demeurer

Alors que nous sommes davantage habitués à parler de la vie chrétienne en termes de sortir de soi, de marcher avec Jésus ou de le suivre, saint Jean nous propose de «demeurer». Ce «demeurer» n’est pas synonyme d’immobilisme ou d’attachement maladif à des manières de faire du passé. Vivre en chrétien, ce n’est pas regarder en arrière et se figer dans des habitudes héritées de ceux et de celles qui nous ont précédés. Certes, nous naissons dans une société où le christianisme représente encore un héritage, plus ou moins lourd, à assumer. Pourtant, il ne suffit pas, pour être chrétien, de se reconnaître dans un certain nombre de pratiques ou de coutumes soigneusement sauvegardées.

«Vivre en chrétien, ce n’est pas regarder en arrière et se figer»

Vivre en disciple de Jésus, ce n’est pas seulement croire en lui et le reconnaître comme le Fils de Dieu. Le disciple est appelé à une rencontre personnelle et vivante avec le Ressuscité. Il est appelé non seulement à l’accueillir comme Seigneur, mais aussi à se laisser enseigner par lui, travailler par sa parole. C’est elle qui, en nous décentrant de nous-mêmes, nous arrache au monde de la mort pour nous faire entrer dans la liberté et la vie. Au plus profond de ce qui nous constitue intérieurement et spirituellement, nous vivons de Celui qui nous donne la vie. C’est cela être «les sarments».

Les sarments que nous sommes ne sont donc pas des éléments étrangers au Christ qui est la vigne. Ils sont constitutifs du cep, inséparables de lui. «Demeurer en lui» est sans doute la chose la plus difficile, celle qui nous coûte le plus. Nous sommes toujours tentés d’aller voir ailleurs, de refuser la dépendance, de rechercher notre confort là où il y a le moins de risque possible. La dépendance est ressentie comme un lien qui nous entrave, alors que »demeurer» dans le Christ est le gage de la fécondité.

«’Demeurer’ dans le Christ est le gage de la fécondité.»

On ne demeure pas dans le Christ n’importe comment. Les sarments qui ne portent pas de fruit car ils se détachent du cep sont coupés. Quant à ceux qui portent du fruit, ils sont émondés afin d’en porter davantage. Ne craignons pas les mains de ce vigneron qui ne cherche pas à nous priver d’une part de nous-mêmes mais simplement à nous faire porter des fruits d’amour et de justice. La gloire du Père ne consiste pas à recevoir les hommages d’une cour. Elle est le rayonnement d’amour que nous lui assurons en étant pleinement humains dans la société d’aujourd’hui.

Demeurer, c’est se nourrir de la Parole du Christ. C’est bénéficier de la sève qui irrigue le sarment et lui assure la croissance. C’est être lié au Christ par voie d’intégration, c’est assimiler, jusqu’au moindre recoin de notre cœur, sa vie pour la faire nôtre. «Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (Jn 6, 56). Ainsi non seulement le disciple demeure en Jésus mais Jésus demeure dans le disciple dans la même réciprocité.

Demeurer en Lui est un défi, et, paradoxalement, c’est le principe même de notre dynamisme.

Chantal Reynier | 27 avril 2018


Jean 15, 1-8

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

«Tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.» | © Flickr/chb1848/CC BY-SA 2.0
27 avril 2018 | 17:40
par Chantal Reynier
Temps de lecture: env. 3 min.
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