Jacques-Benoît Rauscher

Evangile de dimanche: dire ses quatre vérités…

«Je vais lui dire ses quatre vérités». Je suppose que vous connaissez l’expression. Et vous savez que, quand elle est employée, elle annonce souvent l’explosion au grand jour d’une haine larvée. Etonnant, quand on y réfléchit: le Christ n’enseigne-t-il pas qu’Il est la Vérité? (Jn 14,6). En quoi dire ses quatre vérités à quelqu’un n’est-il pas alors une manière de proclamer l’amour du Christ? L’Evangile de ce dimanche met en scène un esprit impur qui dit beaucoup de choses vraies. Il nous montre ainsi comment nous pouvons être complices du mal en envoyant à la face de l’autre ses vérités… précisément de quatre manières.

Une vérité qui méprise le contexte. Cet esprit impur dit quelque chose de vrai (Jésus de Nazareth est le Saint de Dieu), mais à un moment inopportun, alors que son auditoire n’est pas encore prêt à entendre cette révélation. Enoncer la vérité sans tenir compte de la situation dans laquelle on l’énonce peut faire plus de mal que de bien. On ne peut annoncer le Christ à des hommes en oubliant que les hommes sont inscrits dans le temps, dans une histoire, apprennent de manière progressive.

Une vérité qui laisse statique celui qui l’annonce. Ce démon utilise la vérité pour tenter de conserver sa place, pour ne pas bouger. Prêcher la vérité c’est accepter d’être soi-même délogé par elle des lieux où l’on s’est installé.

Une vérité qui vise à posséder l’autre. L’esprit impur dont parle cet Evangile confesse la foi pour garder la main sur un homme qu’il réduit à l’état de marionnette. Proclamer des paroles vraies peut nous mettre dans une position de domination à l’égard de celui qui nous écoute. La vérité qui vient de Dieu, au contraire, est toujours là pour libérer (Jn 8,32).

Une vérité qui est utilisée contre Dieu. Ce démon introduit la vérité sur Jésus qu’il proclame par ces mots: «es-tu venu pour nous perdre?». C’est évidemment la clé de son erreur. Même si ce qu’il dit ensuite est juste: «tu es le saint de Dieu», confesser cette vérité n’est pas suffisant. On peut croire sans aimer ce qu’on croit, sans aimer Celui que l’on confesse.

Jésus, Lui, ne dit jamais à personne ses «quatre vérités». En Lui, Amour et Vérité se rencontrent (Ps 84, 11). Sans amour, la vérité est crue et cruelle, presque diabolique: comme les quatre vérités caricaturées que le démon de l’évangile de ce dimanche utilise. Mais sans vérité, l’amour sonne creux: il n’est qu’une cymbale qui retentit. Amour et Vérité agissent toujours de concert: c’est cela la source de l’autorité de Jésus. C’est cela la vérité qui n’est pas venue nous perdre, mais nous sauver. C’est pour cela que nous ne pouvons que souhaiter que sa renommée continue à se répandre dans toute la Galilée, la Suisse et au-delà!

Jacques-Benoît Rauscher | 26 janvier 2018


Mc 1, 21-28

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.
Aussitôt, le jour du sabbat,
il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement,
car il enseignait en homme qui a autorité,
et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue
un homme tourmenté par un esprit impur,
qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement :
« Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions,
puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur
et se demandaient entre eux :
« Qu’est-ce que cela veut dire ?
Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Il commande même aux esprits impurs,
et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout,
dans toute la région de la Galilée.

Jésus Guérit un possédé à Capharnaüm. | DR
26 janvier 2018 | 18:15
par Jacques-Benoît Rauscher
Temps de lecture: env. 3 min.
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