Claude Ducarroz

Evangile de dimanche: tout est dit

Faut-il ajouter quelque chose à la parabole du semeur que Jésus a racontée à la foule pour parler du Royaume de Dieu (versets 3 à 9)? N’a-t-il pas fait lui-même le commentaire (versets 18 à 23)? Tout semble dit… et bien dit, puisque Jésus avec prudence délivre à ses disciples la juste interprétation.

Retenons d’abord le cadre. On se trouve en plein air, au bord du lac, et Jésus parle depuis une barque. N’est-ce pas un encouragement, pour l’Eglise, à « sortir dehors », à prendre le risque d’une parole publique, à semer au large du monde, au lieu de rester « à la maison »?

Et puis il y a le style. Jésus se fait paysan, en connaisseur des faits et gestes de la campagne, pour parler à des gens du crû en les rejoignant dans leur culture…et leurs cultures. Encore une invitation à annoncer, même les mystères du Royaume de Dieu, en termes simples.

Et cependant les explications demeurent nécessaires, même après une évangélisation au plus près des gens. Ici Jésus s’y emploie lui-même. A sa suite, l’Eglise se doit d’exposer la Parole, mais aussi de l’expliciter et de l’expliquer. Jésus n’a-t-il pas promis que l’Esprit Saint accompagnerait celles et ceux qui sont chargés de ce beau service ? Avec cette nuance, rappelée par le concile Vatican II, que les pasteurs patentés doivent aussi écouter « la collectivité des fidèles qui, ayant l’onction qui vient du Saint, ne peut se tromper dans la foi ». (Lumen gentium no 12)

Ne sommes-nous pas tous une terre de qualité fort variable? Comme Jésus a raison de souligner la fragilité de nos terrains d’accueil! Le Mauvais y sème d’autres graines. Notre cœur est parfois pierreux. Il nous arrive de trébucher à la moindre épreuve. Les ronces des passions peuvent étouffer toute croissance. Sans compter les soucis du monde et la séduction des richesses. Décidemment, Jésus connait bien l’humus humain.

Mais, avec nous tels que nous sommes, il n’est pas pessimiste, encore moins désespéré. Heureusement pour nous! Comme un bon paysan, Jésus continue de semer, sans garantie de réussite. Il sème sa Parole de lumière, il ensemence notre vie par le Pain eucharistique. Saison après saison, il recommence sans trêve, car sa miséricorde est plus forte que toutes nos misères.

Certes, il compte aussi sur nous pour améliorer le terreau d’accueil de sa Parole, avec le secours de sa grâce. Mais il ne renonce jamais à labourer comme à semer. Jusqu’à ce que nous puissions jouir du bonheur de donner du fruit, cent, soixante ou seulement trente pour un.

Peut-être faut-il surtout retenir de cette parabole cette béatitude pleine de promesses: « Heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent! »

La joie de croire, le bonheur d’être encore aimé.

Claude Ducarroz | Vendredi 14 juillet 2017


Mt 13, 1-23

01 Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer.

02 Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.

03 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer.

04 Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger.

05 D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde.

06 Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché.

07 D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés.

08 D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

09 Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

10 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »

11 Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là.

12 À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a.

13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.

14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

15 Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.

16 Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !

17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.

19 Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin.

20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ;

21 mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt.

22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.

23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

14 juillet 2017 | 17:30
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 4 min.
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