Jeanne-Marie Ambly

Evangile de dimanche: Fais moi entendre ta voix…

Jn 10, 27-30

L’évangile de ce dimanche est bref et s’enrichit et se déploie d’être lu en écho avec ce qui le précède. Il y est question non de parole à comprendre mais de voix à écouter.

«Mes brebis écoutent ma voix» (v. 27), dit Jésus. Ailleurs dans l’évangile de Jean, c’est sa parole qu’il invite à écouter. L’attention se porte alors davantage sur le contenu proféré par cette parole. Ecouter la voix suggère quelque chose de beaucoup plus personnel. Les natels, qui affichent notre nom sous les yeux de l’ami que nous appelons, nous privent de cette joie d’être reconnus à notre voix. C’est que celle-ci révèle quelque chose de nous qui nous est tout-à-fait intime et unique. C’est à cela que les brebis reconnaissent leur berger.

Dans le verset précédent (v. 26), aux Juifs qui le somment de déclarer ouvertement s’il est le Christ Jésus reproche: «Vous, vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis». La critique ne porte pas sur le fait de ne pas croire en lui ou de ne pas croire ce qu’il dit, mais simplement de ne pas croire, sans complément ni explicitation. Ces deux versets successifs caractérisent deux prises de position vis-à-vis de Jésus: ceux qui ne croient pas, parce qu’ils ne sont pas de ses brebis et ceux qui écoutent sa voix, ses brebis. Cette opposition invite à rapprocher deux attitudes intérieures : croire, un croire absolu et radical et écouter sa voix – sans que le message porté par cette voix ne soit précisé. Une confiance fondamentale qui ne demande pas de preuves, que suscite l’identité de celui qui parle plus encore que ce qu’il dit. Identité que révèle sa voix – sa tonalité, sa chaleur, sa fermeté et sa douceur,… N’est-ce pas quelque chose que nous avons expérimenté: faire confiance à un interlocuteur non seulement à cause de qu’il dit mais à cause de ce que nous percevons de lui à travers sa voix? Telle est la voix du Bon Pasteur qui inspire confiance et fait naître la foi.

Jésus connaît ses brebis – une connaissance, au sens biblique, qui n’est pas un savoir intellectuel mais repose sur une expérience vécue. «Moi, je les connais», qui valorise la dimension personnelle plus qu’un simple «je les connais», fait écho aux mots prononcés plus haut par Jésus, «je connais mes brebis et mes brebis me connaissent» (v. 14). Une connaissance mutuelle qui passe justement par la reconnaissance de la voix. Si les brebis le suivent c’est parce qu’elles connaissent sa voix (v. 4) et qu’il les appelle chacune par leur nom (v. 3).

Ceci est bon à réentendre en ce dimanche de prière pour les vocations. A l’origine de tout appel – et nous sommes tous appelés – il y a l’impact de cette voix qui nous a appelés par notre nom et qui nous a touché le cœur. «A l’origine du fait chrétien il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec une Personne» (Benoît XVI).

Jeanne-Marie d’Ambly, Sœur de Saint Maurice | 15.04.2016


Jn 10, 27-30

27 Mes brebis écoutent ma voix; moi, je les connais, et elles me suivent.
28 Je leur donne la vie éternelle: jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
30 Le Père et moi, nous sommes UN».
Jésus, le bon pasteur (Waiting for the Word/Flickr/CC BY 2.0)
15 avril 2016 | 17:30
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 2 min.
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