Jeanne-Marie Ambly

Evangile de dimanche: Heureux ce serviteur…

Luc 12, 32 – 48

Dans l’évangile que nous entendrons ce dimanche, une note domine: l’appel à veiller, à se tenir prêt. Un appel qui est aussi une promesse de bonheur: «heureux», le mot revient trois fois en quelques versets. Dans le cours de l’année liturgique cet appel à veiller se fait plutôt entendre pendant l’Avent. Il vient comme nous surprendre en plein été, alors que vacances et chaleur risqueraient peut-être de nous endormir.

En ces semaines estivales, il s’agit de rester en tenue de service, comme des gens qui attendent leur maître, qui viendra le jour où on ne s’y attend pas. Cette heure que l’on ne connaît pas c’est, bien sûr, celle de la venue du Fils de l’homme dans sa gloire quand l’histoire humaine étant achevée, il remettra tout à son Père afin que «Dieu soit tout en tous» (1 Co 15, 28). C’est aussi le moment où chacun entendra, au terme de son histoire personnelle sur cette terre, un ultime «Suis-moi».

Mais pourquoi ne pas entendre aussi dans l’appel à se tenir prêt à accueillir Celui qui vient à l’heure où on n’y pense pas, une invitation à reconnaître dans le quotidien de nos vies la présence cachée de Dieu. Il paraît que nos frères chrétiens d’Orient prient Notre Dame de la grâce inattendue. Rester vigilant, c’est être prêts à accueillir cette grâce d’un Dieu imprévisible qui s’approche incognito.

L’appel à rester en tenue de service est précédé dans ce texte de l’évangile selon saint Luc d’un encouragement à la confiance: «Sois sans crainte, petit troupeau!» Il faut nous laisser toucher par la douce sollicitude qui s’y exprime. Elle est particulièrement précieuse en ces temps où la violence aveugle semble se déchaîner. Nous savons bien qu’elle se déchaîne depuis longtemps, mais ça nous semblait loin… Voilà que ça devient tout proche et nous nous sentons vulnérables. L’appel à la vigilance et l’appel à la confiance se confortent l’un l’autre: il ne faut pas laisser s’endormir la confiance – en Dieu et en l’autre. La vigilance que nous recommande l’Evangile n’est pas du type «plan vigipirate», qui nous ferait être sans cesse sur nos gardes.

Comment ne pas relier la description faite par Jésus de ce serviteur que le maître trouve, alors qu’il arrive quand on ne l’attend pas, en tenue de service, distribuant à chacun sa ration de nourriture, et la figure du Père Jacques Hamel trouvant la mort alors qu’il célébrait l’eucharistie? Heureux ce serviteur…

Jeanne-Marie d’Ambly, Sœur de Saint-Maurice | 05.08.2016


Luc 12, 32-48

Jésus disait à ses disciples: «Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Début de la lecture brève
(Jésus disait à ses disciples:)
«Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis: il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils!
«Vous le savez bien: si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts: c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.»
Pierre dit alors: «Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde?» Le Seigneur répond: «Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare: il lui confiera la charge de tous ses biens.
«Mais si le même serviteur se dit: «Mon maître tarde à venir», et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue: il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre.
«À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage.»

Jésus et les apôtres.
5 août 2016 | 17:30
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 3 min.
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