Claude Ducarroz

Evangile de dimanche: L’homme-Question

Luc 9,18-24

Il venait de rassasier une foule en multipliant les pains. Beau succès! Au lieu de surfer sur cette étonnante démonstration de puissance, Jésus se retire dans la solitude pour consulter son Père dans le face à face de la prière. Tout un programme. Et une leçon pour chacun de nous.

Il lui reste une question. Il faut qu’il la pose à qui de droit. Cette question, c’est lui-même. Il a conscience que ses paroles et ses actions déconcertent. Il y a l’énigme Jésus de Nazareth. Plus qu’une énigme: un mystère.

Tiens, voilà le sondage. A double détente: qui est Jésus au dire des foules et finalement pour ses disciples? Au niveau du peuple, les réponses sont diverses et variées, comme on pouvait s’y attendre. Et pour les disciples, c’est Pierre qui se lance: «Tu es le Christ, le Messie de Dieu.»

Jésus n’acquiesce pas clairement. Il sait le poids d’ambiguïté dont est chargé le messianisme chez les juifs. D’un grand saut vers sa finale, il leur annonce le mystère pascal, à savoir sa passion et sa mort, mais aussi sa résurrection. Voilà ce qu’il devra traverser, en conformité avec ce qu’il est: le sauveur du monde. Jésus se rend bien compte que ses disciples ne peuvent pas comprendre tout cela pour le moment. Pierre –le porte-parole inspiré- sera aussi celui qui aura le plus de peine à accepter le passage par la croix.

Car la croix ne concerne pas que Jésus en sa mystérieuse personne. Ceux qui veulent marcher à sa suite sont donc avertis: ils devront aussi porter leur croix, et même chaque jour. Comment? Pas dans les éclats pathétiques d’une générosité théâtrale, mais dans l’humble renoncement à soi-même, au quotidien, quand il s’agit d’aimer vraiment, comme Jésus.

Il y a dans cet évangile tout le rythme de nos vies. La prière silencieuse et contemplative,  la profession de notre foi au Christ.

Mais attention! En agissant ainsi, le chrétien ne prétend pas s’exhiber comme un champion doloriste. Non. Il essaie d’imiter Jésus, il est aussi accompagné par lui. Certes, il perd sa vie, parce qu’il l’offre de bon cœur, mais c’est à cause de lui. Et ça change tout. C’est un geste pascal. C’est pourquoi, huit jours plus tard, selon l’évangile de Luc, Jésus emmène trois de ses disciples sur la haute montagne pour y être transfiguré devant eux. Avant-goût de la résurrection.

Il y a dans cet évangile tout le rythme de nos vies. La prière silencieuse et contemplative,  la profession de notre foi au Christ, mais sans oublier la communion avec lui dans les épreuves, avec la perspective de la Pâque. Et cette patiente marche à ses côtés, au jour le jour, qu’on appelle tout simplement la vie chrétienne.

Notre humaine réponse à sa divine question: pour vous, qui suis-je?

Claude Ducarroz | 17.06.2016


Luc 9,18-24

Un jour, Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea: «Pour la foule, qui suis-je?» Ils répondirent: «Jean Baptiste; pour d’autres, Élie; pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité.»

Jésus leur dit: «Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» Pierre prit la parole et répondit: «Le Messie de Dieu.»
Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant: «Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite.» Il leur disait à tous: «Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera.»

Jésus et les apôtres.
17 juin 2016 | 17:30
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 3 min.
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