Guy Musy

Evangile de dimanche: profil bas…profil haut !

Ce texte évangélique vient bien à propos en ces temps où les chrétiens de nos régions affichent un profil bas et marchent en rasant les murs. Oh je sais bien que, selon les médias français (La Croix), les prêtres montreraient encore, du moins dans l’hexagone, une relative bonne figure. Mais la mise à jour de vieux scandales oubliés et insuffisamment dénoncés ternit sérieusement leur image. A cela s’ajoute – et c’est nouveau – la perte et même la ruine du crédit de l’éthique chrétienne traditionnelle, considérée comme rétrograde, alors qu’elle avait façonné la société européenne. Et ne parlons pas de dogmes ou de sacrements, réservés désormais à une poignée d’habitués,  plus ou moins fidélisés..

Mais voilà! Par la plume de saint Matthieu, Jésus invite ses disciples – et nous en sommes! – à ne pas laisser tomber les bras. Le moment est venu de mettre en lumière ce que par peur ou par respect humain nous aurions bien voulu tenir caché. Jésus ne nous invite pas à afficher la pancarte «portes ouvertes» sur les parvis de nos lieux de culte. Ce ne sont pas les murs qu’il faut mettre en évidence, mais notre foi en Jésus, pierre vivante rejetée par les bâtisseurs. Le contexte est tragique. Les phrases que nous commentons ce dimanche suivent immédiatement celles qui annonçaient une persécution ouverte contre les amis de Jésus. Autre raison d’avoir peur. Même si cette dernière menace ne pèse pas sur nous, mais bien sur nos frères et sœurs de Syrie ou d’Egypte et d’ailleurs encore.

«Reconnaître Jésus devant les hommes, c’est d’abord le «revêtir» intérieurement».

Quelles que soient les difficultés rencontrées, nous sommes donc invités à reconnaître publiquement Jésus comme guide et seigneur.  L’inverse serait le renier, affirmer comme Pierre face à la servante du grand-prêtre: «Je ne connais pas cet homme” et trouver ensuite un coin discret pour pleurer sur notre lâcheté. Nous voici donc avertis. Et ce n’est pas une petite croix épinglée à la boutonnière, un voile, une soutane ou un froc blanc ou brun qui feront l’affaire. Pas plus qu’un pèlerinage flamboyant ou une chantante procession. Reconnaître Jésus devant les hommes, c’est d’abord le «revêtir» intérieurement, l’imiter au point de lui ressembler, épouser ses propres sentiments, ceux-là mêmes qui traversaient son cœur à la veille de mourir.

Jésus sait bien que cette épreuve peut nous écraser. Mais le Père veille sur nous et nous aide à la traverser. S’il a soin des moineaux qui ne valent quasi rien  – pardon, chers écolos ! – combien plus aura-t-il soin de nous, ses enfants. Le mot «Père» revient à plusieurs reprises dans les lignes que nous lisons. Il ponctuait déjà le récit de la passion de Jésus. Au cœur de la grande épreuve qui lessive notre foi, le Père est celui que nous prions pour en écourter la durée ou, quand la souffrance est à son pic, nous le supplions de ne pas nous abandonner. Le Père est enfin là pour nous recevoir dans ses bras quand «tout est consommé«. 

Guy Musy | 23 juin 2017


Matthieu 10, 26 – 33

26 Ne craignez donc pas ces gens-là ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu.

27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits.

28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps.

29 Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.

30 Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.

31 Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.

32 Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.

33 Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.

Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. (Mt 10, 32) (photo: Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0)
23 juin 2017 | 17:30
par Guy Musy
Temps de lecture: env. 3 min.
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