Jeanne-Marie Ambly

L'Evangile du dimanche: Ecoutez-le!

Luc 9, 28b-36

Jésus prie et quelque chose se passe, qui se donne à voir – l’aspect de son visage change, son vêtement devient d’une blancheur éblouissante. Pourtant à la suite de cette manifestation lumineuse, la voix qui se fait entendre ne dit pas : Regardez-le, mais Ecoutez-le. Contraste surprenant entre le début éclatant du récit – un événement fascinant pour le regard – et la sobriété de la fin – un appel dépouillé et concis à écouter.

Dès le début du texte voir et entendre s’entrecroisent. Aux côtés de Jésus transfiguré, se tiennent deux hommes, Moïse et Elie, apparus dans la gloire. C’est le regard qui est sollicité. Mais ces deux hommes parlent. Il y a donc aussi à entendre. Si Moïse et Elie parlent, c’est que Jésus écoute. Moïse et Elie, la Loi et les Prophètes: Jésus est à l’écoute de la Loi et des Prophètes, cette parole que Dieu adresse à son peuple.

S’il n’y a plus à voir, il y a à entendre

Jésus, la Parole faite chair, se laisse lui-même enseigner par la Parole du Père qui le rejoint à travers des mots d’homme, à travers le langage humain de l’Ecriture. Dimanche dernier, nous avons entendu comment Jésus affronté à la tentation en est sorti vainqueur non par une manifestation de puissance, mais en recourant à l’Ecriture, cette Parole du Père qui le fait vivre.

Si Jésus est dans l’écoute, les disciples, eux, sont tout à ce qu’ils voient. «Maître, il est heureux que nous soyons ici! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie». Tellement fascinés qu’ils voudraient rester là, qu’ils voudraient en rester là.

Pierre a à peine fini de parler qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre. Après le resplendissement de la lumière, l’ombre de la nuée. Il n’y a plus rien à voir. Comme si après avoir été comblés visuellement, il fallait que les disciples soient privés de toute manifestation visible pour être amenés à écouter. Car s’il n’y a plus à voir, il y a à entendre: De la nuée, une voix se fit entendre.

Cette voix qui se fait entendre est associée à la constatation qu’il n’y a plus que Jésus – avec une insistance, Jésus seul. Tout ce qui précède – lumière éblouissante, manifestation de gloire, apparition de Moïse et Elie,…– converge vers ce Jésus seul et vers l’injonction: Ecoutez-le.

Injonction qui concerne, bien sûr, les disciples présents à la scène, Pierre, Jean et Jacques, mais qui ne leur est pas explicitement adressée. Elle l’est à quiconque prête l’oreille, aux lecteurs que nous sommes. Le récit nous conduit, disciples d’aujourd’hui, à entendre nous aussi : Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le.

Jeanne-Marie d’Ambly | 19.02.2016


Luc 9, 28b-36

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. Et deux hommes s’entretenaient avec lui: c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’en allaient, quand Pierre dit à Jésus: «Maître, il est heureux que nous soyons ici; dressons trois tentes: une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie». Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre: «Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le».
Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu’ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.

La transfiguration. Détail d'un vitrail de l'église de Saint-Etheldreda, Londres | © Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
19 février 2016 | 15:55
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!