Jean-Jacques Friboulet

La Cop 21 un succès?

La diplomatie française a réussi à faire signer un texte commun de 29 articles sur le changement climatique à 195 pays. Cet accord a été salué par tous les pays, le Saint Père et la plupart des grandes ONG. Quelle est sa vraie portée?

1. Les points positifs

L’accord efface l’échec de la conférence précédente de Copenhague en fixant à tous les pays un objectif commun: une hausse des températures inférieure à 2° à la fin du siècle. Cet objectif signifie que tous les pays acceptent l’influence de l’activité humaine sur le changement du climat. Il réduit à néant les thèses des climato-sceptiques et va inciter les marchés à prendre le virage des énergies renouvelables. On en voit déjà les prémisses dans le retrait de certains fonds financiers des énergies fossiles. Le deuxième élément positif est la révision périodique de leurs objectifs acceptée par les Etats à partir de 2025 sur la base des résultats observés. Pour cette révision, les pays ont accepté un mécanisme de transparence qui conduira un comité d’experts internationaux à vérifier les informations reçues. Enfin les pays développés ont promis de verser 100 milliards de dollars à partir de 2020 aux pays du sud pour les aider à réaliser leur transition énergétique. Ces 100 milliards sont considérés comme un plancher.

Quelles sont les raisons qui tempèrent alors mon optimisme vis-à-vis de cet accord? Elles concernent essentiellement la faiblesse des moyens mis en œuvre pour son application.

2. Les points négatifs

Le premier et le plus important concerne la contradiction entre l’objectif affiché (2°) et les engagements des Etats qui figurent en annexe de l’accord et qui conduisent à une hausse des températures de 3°. Certes on peut espérer que les Etats réviseront à la hausse leurs objectifs mais on sait que le temps presse et l’accord ne dit rien sur l’abandon des énergies fossiles, condition sine qua non du 2°. Le second est le caractère non contraignant de l’accord. Contrairement aux propos officiels, il n’existe aucun mécanisme réel de contrôle des Etats et encore moins de sanction prévu par le texte. Le mécanisme de transparence cité plus haut se heurtera certainement à l’influence des lobbies pétroliers en particulier aux Etats-Unis, en Russie et dans les pays du Golfe persique. La troisième réserve porte sur le financement des 100 milliards cités plus haut. Aucun moyen nouveau n’est prévu dans l’accord, par exemple une taxe carbone ou une taxe sur les transactions financières. Compte tenu des difficultés budgétaires des Etats, on peut être sceptique sur la réalisation de cette promesse.

En conclusion cet accord est historique quant au consensus réalisé par les Etats pour la lutte contre le changement climatique. Très insuffisant quant aux moyens mis en œuvre pour la réalisation de l’objectif fixé (moins de 2°à la fin du siècle), Il engendre malgré tout une dynamique pour la décarbonisation au niveau de la société civile et de l’économie privée qui ne pourra pas être ignorée des autorités publiques.

Jean-Jacques Friboulet | 14.12.2015

Comité de Paris en salle pleinière pendant la COP21
14 décembre 2015 | 11:57
par Jean-Jacques Friboulet
Temps de lecture: env. 2 min.
COP21 (24)
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