Guy Luisier

La faim dans le monde

Il est 6h15, le jour vient de se lever, le soleil lui arrivera dans une demi-heure, rouge derrière les collines au-delà de la grande rivière. Je parcours le chemin qui relie notre maison et l’église sur la pelouse de l’esplanade, afin de descendre au monastère des bénédictines qui se trouve au pied de notre colline au bord de l’eau. C’est mon tour d’y célébrer l’eucharistie cette semaine et cette petite marche d’un kilomètre au petit matin me plaît bien…

Autour de notre église je rencontre deux enfants qui s’agitent bizarrement. Que font-ils à cette heure matinale ? Je m’étonne mais poursuis ma route.

Plus loin je suis assailli de fourmis ailées qui semblent vouloir se poser comme des folles sur moi. L’air en est plein ; par terre, je vois de grosses fourmis noires et rouges qui semblent chercher leur chemin parmi des ailes perdues. Miracle de la nature.

Il semble qu’une conjonction d’après-pluie et de petit matin est favorable à la dispersion de fourmis ou de termites (ici on ne fait pas bien la différence). C’est l’époque où les fourmis ailées quittent leurs maisons, s’envolent dans une danse bizarre, se posent au gré des zones d’atterrrissage, perdent leurs ailes et font former de nouvelles colonies. Du moins c’est mon interprétation, je ne suis pas entomologiste.

Je comprends : les deux enfants de la paroisse, que j’ai vus tout à l’heure, ont saisi cette occasion unique de se nourrir de protéines en attrapant des fourmis ailées dans une danse aussi bizarre que la leur. Je ne sais pas si c’est bon mais c’est un complément alimentaire bienvenu dont mes paroissiens raffolent, eux qui n’ont souvent qu’un repas assez maigre et peu varié par jour.

Les termites cconstituent un apport de protéines bienvenu (photo Guy Luisier)
19 septembre 2016 | 08:31
par Guy Luisier
faim (31)
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