Jean-Jacques Friboulet

L’Amérique et ses accords internationaux

Je ne veux pas aborder ici l’élection américaine sous l’angle politique pour lequel je ne suis pas compétent mais sous l’angle économique. La présidence de D.Trump soulève deux grandes questions du point de vue de l’économie internationale. D.Trump mettra-t-il en œuvre les promesses faites à ses électeurs en matière de changement climatique et de protectionnisme ?

Durant sa campagne, le nouveau président s’est engagé à retirer la signature des U.S.A de l’accord dit COP 21 sur le changement climatique. Le retrait des Etats-Unis de cet accord ou même sa participation sans une contribution significative à la réduction des émissions de CO2 serait grave pour la planète. La communauté internationale n’aurait aucun moyen de pression pour modifier l’attitude américaine et d’autres grands pays pourraient imiter les U.S.A en « torpillant » cet accord. Nous pensons ici aux pays producteurs de gaz et de pétrole comme la Russie. L’enjeu principal de la COP21 est en effet d’arrêter l’utilisation des énergies fossiles à l’horizon 2050. C’est à un changement de modèle de production auquel nous sommes appelés puisque toute notre fortune au 20è siècle s’est construite à partir du charbon et du pétrole. L’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles signifie que les pays producteurs devront laisser dans leur sous-sol de grandes richesses inutilisées. Pour l’Amérique qui possède beaucoup de charbon et de gaz de schiste, c’est un choix difficile que n’ont pas accepté les électeurs de D.Trump. Ce grand pays est sans doute le moins préparé au changement d’où le pessimisme des observateurs.

La deuxième grande promesse faite par le nouveau président est celui du protectionnisme industriel. Il s’est engagé à renégocier l’ALENA, l’accord de libre-échange signé avec ses voisins américains du nord et du sud,  et à augmenter massivement les droits de douane. Il veut faire de même avec la Chine. Une telle augmentation massive du protectionnisme serait une bombe jetée sur les marchés internationaux. Il faut rappeler que depuis les années 1960, les pays dits riches n’ont cessé de baisser leurs protections douanières. Il faut également mesurer quelles seraient les conséquences de ce protectionnisme industriel. D’abord une forte baisse des prix dans les autres pays, les entreprises s’arrachant les marchés restés ouverts. Ensuite une forte dévaluation des monnaies car les Etats devront contrecarrer cette baisse des prix et aider leurs entreprises sur les marchés étrangers. Il s’ensuivrait nécessairement un contrôle des changes.

Ces perspectives font frémir les milieux économiques. Il faut se souvenir que ce qui a transformé la crise financière de 1929 en crise internationale est justement la forte hausse des droits de douane, décidée par le président Hoover en 1930, qui a mis immédiatement au tapis l’industrie allemande puis, dès 1931, la livre sterling et conséquemment toute l’économie européenne.

Le pire n’est jamais sûr et il faut espérer que les conseillers de D.Trump se rappelleront cet exemple historique et lui inspireront un minimum de modération et de coopération internationale. Les U.S.A. avaient compris, après la deuxième guerre mondiale, que leur prospérité dépendait de celle de leurs fournisseurs et clients. Il faut souhaiter que cet enseignement ne soit pas oublié par le nouveau président.

 

Le style de vie actuel est «insoutenable»
17 novembre 2016 | 11:59
par Jean-Jacques Friboulet
Temps de lecture: env. 2 min.
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