Jeanne-Marie Ambly

L'Evangile de dimanche: «Confiance, c’est moi n’ayez pas peur»

Luc 21, 25-28.34-36

Voici une parole de Jésus qui laisse un sentiment de malaise. Sa venue, puisque c’est ce dont il est question, paraît être un événement terrifiant. Cette première impression résiste-t-elle à une lecture attentive, au plus près du texte ? Il est bien question d’affolement, de désarroi et même de mourir de peur. Les émotions suscitées par ce vocabulaire sont si puissamment sombres et inquiétantes qu’elles risquent de colorer notre écoute, à la manière d’un filtre et de nous faire entendre l’ensemble du texte dans une tonalité catastrophique.

De quoi s’agit-il ? Les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Il n’est pas dit que la mer soit spécialement déchaînée. Il n’est pas question de tsunami, simplement du bruit puissant des vagues. N’a-t-on pas à faire à une frayeur irrationnelle, apparentée à la peur du noir des enfants ? Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver dans le monde. Ici aussi il ne s’agit pas d’une peur fondée objectivement mais du pressentiment que quelque chose de terrifiant doit arriver, un événement d’autant plus redoutable qu’il est inconnu.  Ces sentiments de panique sont suscités par des signes dans le ciel, un ébranlement des puissances des cieux. Il est vrai qu’il y a de quoi susciter la stupeur, mais rien ne dit que ces signes prédiraient des catastrophes. Ils ne sont pas qualifiés et peuvent tout aussi bien annoncer un évènement heureux.

D’ailleurs après ces paroles, inquiétantes si l’on se contente d’une lecture rapide, Jésus continue : «Quand ces évènements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.» Une exhortation à ne pas paniquer qui évoque le «Confiance, c’est moi n’ayez pas peur ” que Jésus adresse aux disciples affolés lorsque, le voyant marcher sur les eaux, ils le prennent pour un fantôme (Mt 14,27).  Malgré le caractère spectaculaire et fantastique de ces manifestations ne vous laissez pas impressionner, elles annoncent la venue du Fils de l’homme.

Ces paroles d’encouragement de Jésus sont suivies de la petite parabole du figuier et des autres arbres dont le bourgeonnement annonce l’été. Nous ne l’entendons pas ce dimanche, car elle a été lue il y a deux semaines dans le texte parallèle de l’évangile selon Marc. Mais savoir qu’elle devrait trouver place ici accentue la lecture positive de ces signes déroutants.

Celle-ci serait-elle remise en cause par ce qui suit, l’image menaçante du filet qui s’abat ? Là encore une attention précise au texte tel qu’il est rectifie cette impression : la comparaison du filet dit simplement l’imprévisibilité de l’événement et son expansion – tous les habitants de la terre entière.

La venue du Fils de l’homme signera la fin de ce monde en proie aux guerres et aux catastrophes (Luc 21, 8-24) –  ce monde où des innocents meurent sous les bombes ou sous les rafales de kalachnikov, ou noyés en voulant rejoindre une terre meilleure. Il inaugurera un monde où il n’y aura plus ni mort, ni pleur, ni cri, ni peine. Un monde à accueillir en se tenant debout devant le Fils de l’homme. L’Avent, cheminement vers Noël, est aussi exhortation à désirer cette venue définitive du Prince de la Paix, qui essuiera toute larme (Apocalypse 21, 4).

Jeanne-Marie d’Ambly | 27.11.2015


Luc 21, 25-28.34-36

En ce temps là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : «Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête.
Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste.
Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme».
«Les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots» | © Flickr/ThierryB./CC BY-NC-ND 2.0
27 novembre 2015 | 17:28
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 3 min.
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