Jeanne-Marie Ambly

L'Evangile de dimanche: Infiniment Proche, Infiniment Autre

Luc 2, 41 – 52, Sainte famille

Nous venons à peine de célébrer la grande joie chantée par les anges dans la nuit de Noël, que déjà l’enfant annoncé comme Sauveur déroute et surprend.

Le récit de l’événement insolite qui nous est donné à entendre en cette fête de la Sainte Famille est encadré par deux brèves descriptions, souvent intitulées vie cachée à Nazareth – nous ne lirons que la seconde ce dimanche. A s’en tenir à ces trois versets (v. 40 et 51-52), la vie de la «sainte famille» semblerait plutôt un «long fleuve tranquille».

La montée à Jérusalem pour la Pâque vient rompre cette régularité, tout en s’inscrivant lui-même dans un cadre répétitif, le cycle des fêtes et pèlerinages. Ce n’est pas la régularité du quotidien, mais celle des rites religieux. Ils reviennent chaque année et se déroulent immuablement suivant la coutume. Mais voici que dans le déroulement connu et maîtrisé surgit de l’inattendu. Irruption d’une réalité inconnue.

Deux mots cristallisent cet inconnu, insu le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu des ses parents, dit le texte – et Pèreil me faut être chez mon Père, ou, selon d’autres traductions, aux affaires de mon Père. Deux mots qui laissent filtrer, à travers les strates connues et rassurantes de la vie quotidienne à Nazareth et des rites religieux, une fulguration de diamant. Cet enfant de douze ans, à la vie sans histoire, est porteur du mystère de Dieu. C’est ce que proclame l’évangile lu au cours de la messe du jour de Noël :

Et le Verbe s’est fait chair,
il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire,
la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique,
plein de grâce et de vérité.

Parce qu’il est l’envoyé du Père, il y a dans cet enfant de l’inconnu. Comment pourrait-il en être autrement ? Si j’avais un Dieu que je puisse connaître, je ne le tiendrais plus pour Dieu (Maître Eckhart). La recherche angoissée de Marie et Joseph, leur incompréhension de la réponse faite par Jésus avertissent que tout en étant un des nôtres, infiniment proche et familier, il nous déborde et nous échappe. Ce Jésus de Nazareth, fils du charpentier et de Marie (Mt 13, 55), homme parmi les hommes, en tous points semblable à ses frères (Héb 2, 17), est aussi rayonnement de la gloire de Dieu, le Fils qui porte l’univers par sa parole puissante (2ème lecture de la messe de Noël). Et ceci n’enlève rien à la douce proximité de l’enfant de Bethléem mais nous invite à ne pas nous étonner qu’elle soit déconcertante, à nous en réjouir même.

C’est le signe que Dieu est là.

Jeanne-Marie d’Ambly | 26.12.2015


Luc 2, 41 – 52

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem
pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans,
ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient,
le jeune Jésus resta à Jérusalem
à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins,
ils firent une journée de chemin
avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem,
en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple,
assis au milieu des docteurs de la Loi :
il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient
s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement,
et sa mère lui dit :
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois comme ton père et moi,
nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit :
« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?
Ne saviez-vous pas
qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth,
et il leur était soumis.
Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce,
devant Dieu et devant les hommes.

La sainte famille (illustration: theatredesombres.free.fr)
26 décembre 2015 | 09:19
par Jeanne-Marie Ambly
Temps de lecture: env. 3 min.
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