Marie-Christine Varone

L'évangile de dimanche: La purification du lépreux

Mc 1,40-45 | Marie-Christine Varone

Quel étrange récit! On ne sait ni où se situe la scène ni pourquoi Jésus rabroue l’homme qu’il a purifié et le chasse; ni pourquoi il lui impose le silence…

Rencontre entre l’impur et le Saint (vv.40-44)

D’exclu à purifié (vv.40-42)

La lèpre isole, voire exclut, tant de la vie sociale que religieuse (Lv 12,46). C’est donc un être totalement marginalisé qui vient à Jésus.

Joignant le geste (l’agenouillement) à la parole (la supplication), cet homme, anonyme (il est comme le représentant de tous les lépreux), reconnaît en Jésus une puissance. Il suffit du «vouloir» de Jésus pour que son drame cesse: «si tu veux, tu peux me purifier«. Ce n’est donc pas une simple guérison que sollicite le lépreux, mais bien une purification, un arrachement à l’impureté (dont la lèpre est une manifestation).

Le drame du lépreux atteint Jésus aux «aux entrailles» et le conduit à toucher cet homme que plus personne ne touchait, déclarant que son «vouloir» correspond à celui de l’homme: «je le veux, sois purifié” (un passif qui donne à comprendre que c’est Dieu qui agit).

La parole de Jésus est efficace: «aussitôt la lèpre s’en alla de lui», car c’est celle du Saint de Dieu (1,23), l’Anti-impur, Celui qui n’a aucune compromission avec le mal, en qui il n’y a que vie et amour. Son désir consiste donc bien à libérer l’homme de toute entrave, de tout isolement, de tout ce qui affaiblit, voire détruit, en lui l’image de Dieu. Si le Saint s’est fait homme, c’est précisément pour rendre l’être humain plus humain en le restaurant dans son identité et dans sa dignité relationnelle. Le lépreux purifié en est l’incarnation.

Une étrange réaction et une non moins étrange consigne (vv.43-44)

Tout était si consolant. Pourquoi subitement cette irritation de Jésus qui rabroue l’homme et cette manière peu civilisée de le chasser avec un double ordre contradictoire: se taire absolument et… se montrer au prêtre (renvoi aux coutumes juives: Lv 13,49; 14)? Visiblement il y a en l’homme quelque chose qui déplaît à Jésus et que la suite du récit va éclaircir.

Si Jésus exige le silence, c’est vraisemblablement qu’il veut éviter qu’on vienne à lui comme à un «faiseur de miracles», seulement pour sa puissance guérisseuse et non pour la rencontre avec lui et l’écoute de sa parole.

Une désobéissance fatale (v.45)

L’homme purifié fait exactement le contraire de ce que Jésus lui a ordonné; il proclame partout. On comprend dès lors l’irritation de Jésus (v.43) et le renvoi surprenant (v.44). Cet homme s’est révélé incapable d’écouter Jésus, tout occupé du bienfait obtenu.

Sa malencontreuse proclamation contrecarre le dessein de Jésus qui doit fuir parce que les hommes ne cherchent en lui que le «faiseur de miracles».

Le texte et nous

Jésus enseignera à ses disciples (Mc 7,15.20-23) qu’avec sa venue la notion de pureté change radicalement. Désormais l’impureté n’a pas son siège dans le corps, dans des animaux ou des objets, mais bien dans le coeur de l’homme, cette part éminemment personnelle où se prennent les options, «ce sanctuaire de la liberté». C’est là que la lèpre nous atteint sous bien des formes: dureté, intolérance, résignation, apathie, repli sur soi, jugements, fermeture à Dieu et aux autres, immobilisme, etc.

A la suite du lépreux nous voici conviés à venir à Jésus, à nous exposer à sa puissance libératrice (il peut), certains qu’il veut purifier nos coeurs et nous introduire dans sa sphère de sainteté en nous rendant plus athentiquement humains, plus aimants et vivants. En un mot: plus semblables à lui.

13 février 2015 | 18:55
par Marie-Christine Varone
Temps de lecture: env. 2 min.
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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
un lépreux vint auprès de Jésus ;
il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta
et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt
en lui disant :
« Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre,
et donne pour ta purification
ce que Moïse a prescrit dans la Loi :
cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville,
mais restait à l’écart, dans des endroits déserts.
De partout cependant on venait à lui.