L'Evangile de dimanche: Une noce qui dit plus qu'il n'y paraît
Jn 2,1-11
Jean est seul à rapporter l’épisode de Cana, dont il nous dit en fin de texte qu’il s’agit du premier signe (et non d’un miracle) de Jésus. Or, le propre du signe consiste à pointer vers autre chose, à donner à voir l’invisible, à introduire dans la révélation.
Etrange noce (1-2)
Qui dit mariage, pense couple, or, dans ce récit, ce sont les invités – la mère de Jésus, Jésus et ses disciples – qui sont cités en premier; la mariée, elle, n’est pas mentionnée du tout et le marié l’est à peine (9)…
Les noces sont célébration de l’amour de deux êtres. Pour le lecteur de la Bible elles parlent aussi de Dieu, l’époux d’Israël, qui a fait alliance avec son Peuple.
Du manque à l’abondance et l’excellence (3-10)
La fête est compromise, car le vin vient à manquer et c’est la mère de Jésus qui le signale à son fils (3).
La réponse de Jésus est surprenante «quoi à moi et à toi, femme?” (4).
Jésus s’adresse donc à sa mère de la même manière qu’il le fera à la croix (19,26), l’appelant, «femme», signifiant par là une distance entre lui et Marie qui, dit-il, ne se situe pas sur le même plan que lui.
Il y a un écart entre la sollicitude de Marie pour les mariés et la vocation de Jésus, qui déclare, soit que son heure (celle de sa mission qui culminera dans sa passion et sa résurrection et qui relève du Père) n’est pas venue, soit, si on adopte l’autre ponctuation (un point d’interrogation), qu’au contraire: elle est venue.
Marie répond par une attitude d’ouverture, invitant les serviteurs (5) à obéir au Christ.
Le v.6 fournit une information à première vue hors sujet, alors qu’elle est capitale pour le lecteur, mentionnant les six grandes jarres de pierre (pouvant contenir une centaine de litres chacune) destinées aux rites juifs de purification.
C’est désormais Jésus (7-8a) qui prend en main la situation, ordonnant aux serviteurs de remplir d’eau ces jarres, de puiser maintenant et de porter au maître du repas, ce qu’ils font.
Pas de paroles sur l’eau, pas de gestes! Il faut attendre la dégustation par le maître du repas (9), qui ignore tout de l’origine du cru (à la différence des serviteurs qui eux savent), pour apprendre que l’eau est devenue vin.
Et quel vin (10)! Supérieur à celui servi en début de noce, manière de faire contestable aux yeux du professionnel qui s’en étonne auprès du marié (seule mention de celui qui devrait être un personnage principal).
Une clé de lecture éclairante (11a)
Ce qu’a fait Jésus n’est pas un simple geste de bienveillance tirant les mariés d’embarras et permettant à la fête de continuer.
Il s’agit du commencement des signes, c’est-à-dire du début de la manifestation de la gloire de Jésus. Comprenons que la sainteté du Christ commence à se manifester et qu’il faut lire derrière ce signe l’indice que l’on est à l’heure messianique de la nouvelle alliance.
Le temps des purifications rituelles juives (cf. l’eau des jarres) est terminé. Avec Jésus (en fait le véritable Epoux) et le vin, qui a pris la place de l’eau, la fête de la nouvelle alliance est inaugurée. La noce humaine qui se célèbre à Cana dit en fait les noces nouvelles de Dieu avec les hommes qui se font en Jésus.
Une réponse adéquate au signe (11b)
Les disciples crurent en lui, ils ont accueilli la profondeur du signe, s’ouvrant au mystère de la personne du Christ et de la révélation qu’il apporte.
Epoux – épouse
De la disette à l’abondance
De l’eau au vin de qualité
Du temps de l’attente à celui de l’accomplissement
Du mariage de Cana aux noces de l’alliance
De l’époux à l’Epoux qu’est Jésus…
Et si le texte nous invitait à entrer dans la fête d’alliance avec l’Epoux pour devenir progressivement épouse?
Marie-Christine Varone | 15.01.2016
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 2,1-11)
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