L'Evangile du dimanche: Patience et impatience de Dieu
Luc 13,1-9.
Après avoir invité les foules à mieux interpréter les signes des temps (Lc 12,54-59), Jésus passe à la météo personnelle. Il y a de profonds changements dans l’air.
Pas facile! Quoi? La conversion. Et Jésus fait tout pour accélérer le mouvement.
C’est urgent, ça presse, insiste-t-il dans la première partie de l’évangile de ce dimanche. Et pour ne pas décourager les candidats, il tempère ensuite: il n’est jamais trop tard pour bien faire. Dieu a encore quelque réserve de patience. Mais il ne faut pas en abuser.
Jésus est un habile pédagogue. On ferait bien de retenir ses leçons.
A partir de deux événements tragiques de l’actualité, il ose cet avertissement: «Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même». De quoi réveiller certains endormis, de quoi secouer certains nonchalants. Car la conversion en vue du Royaume de Dieu est toujours importante et urgente à la fois. Changer de regard sur Dieu et sur la vie, adapter sa conduite aux standards de l’évangile et non pas aux slogans mondains: c’est essentiel pour le vrai bonheur de l’homme, personnellement et en société. Sonner bruyamment ce rappel est un grand service que nous rend Jésus, ainsi que l’Eglise en ce temps de Carême.
Mais nous savons par ailleurs que Dieu est un «Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité» Ps 86,15. Comme le vigneron qui donne ce conseil de patience au jardinier prêt à couper son figuier stérile: «Laisse-le encore cette année… Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir».
Alors, Dieu est-il impatient ou patient envers nous ? Les deux, sans doute, car ça dépend à qui il s’adresse.
Suis-je un dur d’oreille devant la Parole de Dieu? Suis-je un jm’enfoutiste de la morale? Suis-je perpétuellement inscrit sur la liste des membres passifs de l’Eglise? Il est bon, c’est même une grâce, que le Seigneur bouscule ma conscience en m’appelant à une sérieuse conversion. C’est peut-être ce que voulait dire le vigneron en proposant de bêcher autour du figuier, en y ajoutant même du fumier.
Suis-je un pessimiste de la foi, un dépressif de l’évangile, un chrétien découragé par ses propres échecs en sainteté, résigné à subir la colère d’un Dieu terrible? Heureusement, Jésus nous rappelle que Dieu est Amour, autrement dit miséricordieux et bienveillant. Bon. Mais sans être bonbon.
Le Carême peut être le temps béni d’un certain examen de conscience. Qui suis-je vraiment dans les profondeurs de ma personnalité? Et surtout qui est Dieu pour moi, dans le contexte de mon existence réelle?
Pas pour tomber dans la petite morale qui culpabilise à gogo, mais pour provoquer avec Dieu une nouvelle rencontre savoureuse qui libère et épanouit.
Comme le figuier au printemps.
Claude Ducarroz | 26.02.2016
Luc 13,1-9.
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