Guy Musy

Massacre des Coptes: dialogue impossible?

Retour sur le récent massacre des Coptes en Egypte par un commando islamiste, pour ne pas le désigner autrement. Un scénario devenu classique. Un bus de braves gens – dont plusieurs enfants – en pèlerinage, ou mieux, cherchant refuge dans un monastère, un des rares endroits où les Coptes d’Egypte peuvent respirer librement. En cours de route, ces pèlerins sont fusillés à bout portant. C’était la veille du Ramadan. Banals assassins ou religieux fanatiques exécutant un sacrifice propitiatoire? Je ne vois plus très bien la nuance.

Le monde et les médias se fatiguent à rapporter ces crimes, devenus trop récurrents et finalement lassants. Quelques rares exceptions toutefois. Les actualités télévisés de la RTS nous ont montré une poignée de Coptes genevois apeurés, priant dans leur église de Meyrin, une ancienne «chapelle de la persécution» où se réfugiaient à la fin du 19e siècle les catholiques de ce lieu, chassés de leur église par les adeptes sectaires du Kultukampf. Quel symbole et quelle continuité!

«Faut-il se réfugier dans une rhétorique haineuse?»

On ne peut prêcher le dialogue islamo-chrétien dans un tel climat de haine et de violence. Avis aux intéressés. On ne peut aussi s’adonner à ce genre de pieux exercice sans avoir stoppé l’envol de bombardiers qui tuent femmes et enfants syriens ou irakiens, sous prétexte d’éliminer les criminels qui se cachent parmi eux. Alors, quadrature du cercle? Ou, dirons-nous, résignés: «on ne fait pas d’omelettes sans casser quelques œufs». Aujourd’hui les bris de coquilles se ramassent à la pelle du coté de Manchester ou sur les bords du Nil. Où et quand la prochaine fricassée.

Moralité: il n’est pas certain que seule la guerre puisse mettre un terme aux meurtres organisés. Jésus proposait une autre forme de résistance: vaincre le mal par son contraire. Mais comment proposer de nos jours cette thérapie sans être traité de défaitiste naïf et dangereux? Il est vrai que la victoire des non violents se situe à très long terme. Elle passe par le changement des cœurs, celui du chrétien et, bien sûr aussi, celui du musulman. Vaste programme qui décourage ceux qui désireraient s’y atteler. Alors, faut-il jouer à l’autruche, se réfugier dans une rhétorique haineuse, confortables et peu exposée? Suprême illusion!

Guy Musy | 29.05.2017

Des douilles retrouvées sur le site de l’attaque du bus de chrétiens coptes à Minya en Egypte
29 mai 2017 | 10:51
par Guy Musy
Temps de lecture: env. 2 min.
Coptes (63), Egypte (286), Minya (7)
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