Jean-Jacques Friboulet

Mensonges

Après le scandale des subprimes et des taux d’intérêt truqués qui ont valu aux grandes banques des centaines de millions de dollars d’amende, voici la tricherie organisée par le groupe Volkswagen. Celui-ci a installé sur plus de 11 millions de véhicules un logiciel permettant de falsifier les données réelles d’émission de ses moteurs diesel. Le préjudice est triple. Est concerné au premier chef l’environnement et la santé des personnes. En second lieu les Etats qui ont cru à l’autorégulation des firmes et ont versé des bonus pour des véhicules prétendument plus propres que les autres. Les clients enfin qui se retrouvent avec des voitures qui doivent être mis aux normes et qui vont subir certainement une décote.

Comment un grand groupe comme Volkswagen en est arrivé là? L’enquête engagée précisera les responsabilités. Il est possible d’ores et déjà d’avancer plusieurs éléments. Le premier est la course aux parts de marché qui gangrène l’esprit de certains dirigeants dans les firmes multinationales. Volkswagen voulait s’implanter sur le marché du diesel américain au moindre coût et ainsi devenir le 1er constructeur mondial. Cette volonté de puissance, qui a du mal à cacher les egos surdimensionnés des dirigeants concernés va mettre en péril l’entreprise. Le pouvoir apporte avec lui des risques de corruption et de mensonge. Mais le pouvoir absolu est toujours source de corruption.

Un second élément tient au rapport qu’on entretient avec l’éthique dans les milieux scientifiques et technologiques. On apprend au cours de sa formation que la science propose des vérités à l’aide du raisonnement ou de l’expérience. Si on a entendu parler d’éthique (et c’est loin d’être toujours le cas dans les hautes écoles), celle-ci est présentée comme normative, comme un ensemble de valeurs entre lesquelles on pourrait librement choisir. La morale serait le domaine du relatif, où il serait très difficile de démêler la vérité et l’erreur.

Cette proposition, qui est dominante dans les médias aujourd’hui, n’a aucun fondement. Certes la vérité en éthique ne peut résulter d’une démonstration comme en physique. Elle résulte, si on n’est pas croyant, essentiellement de l’expérience humaine. Après la deuxième guerre mondiale, l’ONU a mis au point la Déclaration universelle des droits de l’homme parce que les autorités et les citoyens tiraient les conséquences des atrocités commises avant et pendant le conflit. De même nos sociétés ont repris certaines prescriptions des dix commandements (sur le meurtre, le vol, le faux témoignage…) parce qu’elles ont jugé que celles-ci étaient nécessaires à la vie en société.

Que dire du mensonge? On sait par expérience qu’il détruit la confiance entre les personnes et au sein des sociétés. Entre les personnes il est très souvent la cause de ruptures dans les couples et dans les familles. Au sein des sociétés il est une cause de la méfiance envers les autorités. La France est un exemple à ce sujet. Les études montrent que le niveau de confiance des citoyens envers leurs autorités est l’un des plus bas d’Europe.

Pour les Chrétiens, le mensonge est une faute qui ne peut être relativisée. Il y a bien sûr des degrés dans le mensonge et l’éducation doit permettre de les comprendre. Mais quoiqu’ en dise la pensée relativiste, il existe des vérités en morale. Elles ne sont pas de même nature que les vérités scientifiques, mais elles existent bel et bien. S’en affranchir comme l’ont fait certains dirigeants de Volkswagen peut conduire à des dommages irréparables.

Jean-Jacques Friboulet | 20.10.2015

Volkswagen voulait s’implanter sur le marché du diesel américain au moindre coût et ainsi devenir le 1er constructeur mondial
20 octobre 2015 | 14:33
par Jean-Jacques Friboulet
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