Bernard Litzler

Message d’importance

Le roi a parlé. Le 20 août, Mohamed VI, le souverain marocain a endossé son costume de «commandeur des croyants», dans une déclaration transmise par tous les médias du pays. «L’assassinat d’un prêtre est un acte illicite selon la loi divine et son meurtre dans une église est une folie impardonnable, car c’est un être humain et un homme de religion», a notamment affirmé le monarque, faisant allusion à la mort du Père Jacques Hamel en France. Et il a invité les Marocains de l’étranger à «rester fidèles aux valeurs de leur religion», les invitant à «être des défenseurs de la paix dans leurs pays de résidence respectifs».

La voix du souverain chérifien n’est pas anodine. Descendant du Prophète Mahomet, il pensait pouvoir juguler la poussée djihadiste en ayant pris en main avec fermeté la sphère religieuse de son pays, après les attentats de Casablanca en 2003 (45 morts). Il forme les imams et contrôle les prêches des mosquées, grâce au ministère des Affaires islamiques. Hélas, sa jeunesse branchée sur Internet et les réseaux sociaux a, elle aussi, été séduite par la propagande de Daech. Selon les observateurs, 1600 Marocains seraient engagés dans les conflits au Proche-Orient.

Le Maroc plus apaisé représente-t-il la voie médiane, celle d’un islam sans excès?

Le Maroc se range donc du côté des modérés. Mais la royale intervention suffira-t-elle à calmer les ardeurs des combattants et à promouvoir la voie d’un islam pacifique? En Afrique du Nord, les fronts restent tendus. L’Algérie et la Tunisie sécrètent des générations de jeunes désœuvrés, sensibles aux faits d’armes des djihadistes. La Libye éclatée est à feu et à sang, Daech ayant planté son drapeau sur la bande côtière. Plus loin, l’Egypte essaie elle aussi de contenir la fièvre extrémiste, sous la houlette martiale d’Al-Sissi.

Le Maroc plus apaisé représente-t-il la voie médiane, celle d’un islam sans excès? Le caractère marocain semble correspondre à cette approche pacifiante. Mais le régime de Mohamed VI, qui fait taire par la force les oppositions au sein de son pays, atténue la portée de ses paroles. Ce roi contesté conteste avec raison la suprématie de Daech, se faisant le chantre d’une religion modérée. Même si le messager le paraît moins, le message est d’importance.

Bernard Litzler | 25.08.2016

«Le Maroc plus apaisé représente-t-il la voie médiane, celle d’un islam sans excès?»
25 août 2016 | 11:10
par Bernard Litzler
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Maroc (59)
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