Jean-Blaise Fellay

Parole et silence

L’homme contemporain, et pas seulement chez les plus jeunes, est complètement lié à son portable. Les mails, les messages, les nouvelles, les vidéos, le contrôle du pouls, les horaires de bus, les matchs en direct, les rendez-vous, les rappels de rendez-vous, la météo, les bouchons sur les routes, et j’en passe, tout cela rend le smartphone indispensable. Au point que les psychiatres s’inquiètent et parlent d’une dépendance semblable à celle des drogues chimiques. Ce qui amène la création de cures de désintoxication: un sevrage de la dépendance informatique grâce à la confiscation des portables.

Personnellement, j’aime beaucoup ces outils pour chercher des renseignements, prendre des notes, s’orienter dans le terrain et même pour prier. Il y a des programmes qui nous offrent le bréviaire sous forme écrite, parlée ou chantée, plus les textes liturgiques du jour. C’est fort pratique si l’on veut faire sa méditation en se promenant dans les bois. Finalement, comme pour les autres moyens techniques, tout dépend de ce que l’on en fait.

Ce qui me consterne, c’est qu’il faille aller chercher des méthodes bouddhistes et des moyens coercitifs pour se libérer de la dépendance aux tablettes. De tout temps, les moines ont appris à faire silence, à goûter le bonheur de la vie intérieure, à prendre l’espace de la méditation, mère de la satisfaction et de la paix. «Prie et travaille», le principe bénédictin, reste valable pour tout humain, branché ou débranché. Encore faut-il sagement équilibrer les deux.

Car voyez-vous, le téléphone trahit le besoin fondamental de communication tapi au fond du cœur humain: relation avec l’autre, avec soi-même, avec Dieu. Mais la communication implique et la parole et le silence, l’écoute et la confidence. Il faut savoir se taire pour entendre, avoir écouté la parole pour donner la réponse. Alors seulement vient le bonheur de la rencontre.

Jean-Blaise Fellay | 10.01.2016

«Le téléphone trahit le besoin fondamental de communication tapi au fond du cœur humain»
10 janvier 2016 | 18:51
par Jean-Blaise Fellay
Temps de lecture: env. 1 min.
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