Jean-Jacques Friboulet

Plus ou moins d’Etat?

L’époque contemporaine est marquée par un affaiblissement des Etats démocratiques. L’Espagne et la Grande-Bretagne en sont des exemples. Suite aux difficultés économiques, des forces centrifuges mettent à mal leur cohésion. Quelles sont ces forces?

La première est la mondialisation avec la circulation des marchandises et des personnes. Certains cadres s’identifient moins avec leurs régions et ne se considèrent que de passage. Peu intégrés, ils négligent la dimension politique de la vie commune, en ne s’intéressant qu’à l’économie. L’accent mis sur la seule économie fragilise les Etats démocratiques.

La deuxième force centrifuge est la poussée de l’ultralibéralisme. A la suite de D.Reagan, les partisans de ce courant disent que l’Etat n’est pas la solution mais le problème. Il faut donc systématiquement lui rogner les ailes en le privant de moyens financiers. Il ne s’agit pas d’évaluer objectivement ses missions mais de diminuer a priori ses ressources pour qu’il fasse plus de place à l’initiative privée.

Enfin le troisième facteur de désintégration est l’Etat lui-même qui a étendu exagérément dans certains pays ses tâches, en particulier dans le domaine de l’Etat-Providence. L’extension a conduit à des déficits et à des dettes qui ont contraint les pouvoirs publics à réduire brutalement la voilure et le volume des tâches qu’ils peuvent assumer.

Notre pays a échappé, grâce à son fédéralisme, à ce dernier mouvement mais il est soumis aux deux premières forces centrifuges décrites plus haut. Pour y voir clair dans ce débat entre partisans de plus ou de moins d’Etat, un guide sûr est le principe de subsidiarité énoncé dans l’encyclique Quadragesimo Anno de Pie XI. Il faut confier à L’Etat (Cantons et Confédération) les tâches que par nature le secteur privé et la société civile ne peuvent assumer, car elles correspondent à des biens publics comme la sécurité, la diplomatie, l’éducation obligatoire et la santé de base.

Un exemple de cette discussion est celle qui a lieu à propos de la redevance radio-télévision sur laquelle nous voterons en juin. Les adversaires du projet critiquent la taille du service public, la SSR, qui est présente dans les trois régions linguistiques, alors que ce n’est pas le sujet du vote. La SSR est pourtant un facteur essentiel de la cohésion nationale. Il serait extrêmement dangereux de remettre aux seuls intérêts privés les biens collectifs que sont l’information et la culture.

Le pape Pie XI, auteur de Quadragesimo Anno
17 mai 2015 | 21:22
par Jean-Jacques Friboulet
Temps de lecture: env. 2 min.
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