Bernard Litzler

Projecteur sur un scandale

Le film est terrible. L’enquête menée en 2000-2001 par les journalistes du Boston Globe sur la pédophilie dans le diocèse de Boston dépasse l’entendement. Le film Spotlight (le mot signifie ›projecteur’ en français) remonte le fil de ce scandale multiple: des enfants ont été abusés par des prêtres aux Etats-Unis. Ce n’était pas des cas isolés, mais un système établi, assurant l’impunité aux auteurs des forfaits. Spotlight vient d’obtenir l’Oscar du meilleur film de l’année. Il y a de quoi!

Le film est terrible. Car la confiance des enfants a été trahie, l’Eglise catholique a été dénoncée. Le cardinal de Boston Bernard Law a dû démissionner devant l’ampleur du scandale, lorsque le Boston Globe révéla l’ampleur des méfaits, au terme d’une enquête très minutieuse. Lourde est la charge, lourde la souffrance des victimes interrogées par les journalistes et grande la faute des autorités qui se contentaient de déplacer les coupables, vrais prédateurs, de paroisse en paroisse.

Le film est une délivrance aussi. Car regarder en face ces fautes que l’Eglise catholique traînera longtemps encore, au même titre que l’Inquisition, est une nécessité. Mieux encore, une obligation. Que de courage il a fallu aux limiers du Boston Globe pour résister aux pressions dans une ville. Boston, acquise au catholicisme, mais enfermée dans des réflexes de protection vis-à-vis de l’Eglise. Que de persévérance aussi pour recueillir les témoignages des personnes abusées, souvent ignorées ou méprisées.

Après les révélations, l’Eglise catholique a compris qu’elle s’enfermait dans le déni. Il a fallu la détermination de la presse et la prise de conscience à Rome, tardive mais réelle, pour affronter ces faits tragiques. Et les Etats-Unis n’ont pas été les seuls pays concernés: l’Irlande, l’Allemagne, la Suisse se sont mis à enquêter sur les faits. A Einsiedeln, la «grande lessive» menée par le Père-Abbé Martin Werlen, a permis de mettre des moines en face de réalités non avouées. Finalement, le scandale de la pédophilie a accouché de la fameuse «Tolérance zéro», initiée par Benoît XVI et poursuivie par le pape François. L’Eglise revient de loin. Mais la lumière est loin d’être faite dans tous les coins sombres de l’Eglise catholique. Spotlight, nous le rappelle: Le message du Christ mérite mieux que des porteurs défaillants. (cath.ch-apic/bl)

«Spotlight» a obtenu l'Oscar du meilleur film.
1 mars 2016 | 17:49
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 2 min.
cinéma (118), Etats-Unis (506), Pédophilie (144), Scandale (12)
Partagez!