Bernard Litzler

Stop à Exit

L’événement est rarissime… «Deux frères attaquent Exit et font suspendre un suicide», titrait le 14 octobre la presse lémanique. A Genève, un octogénaire avait annoncé à sa famille ébahie qu’il avait décidé de partir à l’aide d’Exit. Ce veuf, sans maladie grave incurable, avait pris la décision de s’en aller. Choqués, deux de ses frères ont saisi la justice pour empêcher l’aîné de recevoir sa potion mortelle, le 18 octobre. Le tribunal civil a pris des mesures «superprovisionnelles» (c’est le terme technique), empêchant provisoirement le geste fatal. Motivation des juges: «le préjudice difficilement réparable» subi par la famille.

Exit attaqué devant un tribunal, c’est la victoire d’une forme de solidarité humaine.

Une mort programmée peut violenter une famille: voilà ce que révèle cette action en justice, une première à ce niveau. Attaquer Exit devant un tribunal, c’est boucher, même temporairement, la sortie. Autrement dit, ne pas considérer comme normal un départ volontaire. Exit attaqué devant un tribunal, c’est la victoire d’une forme de solidarité humaine. Deux frères de 70 et 82 ans n’admettent pas le départ prévu: c’est du «jamais vu» selon les termes d’Exit.

Paradoxalement, l’émission Temps présent du 13 octobre a longuement présenté le suicide assisté d’une Valaisanne. Les images apaisantes des soins palliatifs choisis par trois autres personnes, ainsi que de la fondation Rive-Neuve, n’enlèvent pas le profond malaise ressenti en voyant Fabienne, 85 ans, mettre en scène son départ, avec une forme de complicité assumée par la télévision.

Le suicide assisté nous interpelle tous. La solitude, maladie de nos sociétés occidentales, a clairement été invoquée par la dame qui a choisi de quitter ce monde. Son aide ménagère, orthodoxe, ne comprend pas le geste de l’aînée et en pleure profondément. Il y a de quoi verser des larmes devant la pauvreté de nos sociétés techniques qui entourent si mal leurs anciens. Exit semble un palliatif à la solitude. Heureusement, des familles se manifestent, comme à Genève. Pour qu’Exit ne fasse pas une autoroute du boulevard de nos solitudes. Car comme le dit justement le directeur de Rive-Neuve, le sens de la vie, c’est «d’être en relation».

Bernard Litzler | 17 octobre 2016

«Une mort programmée peut violenter une famille»
17 octobre 2016 | 14:12
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
Exit (24), Mort (80)
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