Jean-Blaise Fellay

Synode sur la famille, du chemin à parcourir

Le synode sur la famille qui vient de se clore à Rome déçoit ceux qui en attendaient des ouvertures plus franches et indigne ceux qui y voient un affaiblissement du message chrétien. Je ne partage pas ce dernier point de vue. Les études les plus récentes sur les origines du christianisme montrent combien ce que nous qualifions volontiers de «doctrine catholique» en matière de morale sexuelle provient en bonne partie de systèmes philosophiques païens, très antérieurs au christianisme, et surtout ne reflètent pas la pensée de Jésus-Christ. Il est d’ailleurs significatif qu’elle trouve la majeure partie de ses adeptes dans des sociétés ou des secteurs de société eux-mêmes arriérés.

Cependant le déroulement du synode en lui-même me paraît positif du fait des débats entre évêques et des prises de position du pape. Il a renvoyé les participants à leurs propres responsabilités et les différentes cultures à leurs problèmes particuliers. C’est une différenciation nécessaire. Le document préparatoire avait déjà montré combien la situation des familles étaient nécessairement liées au conditions politiques, économiques et culturelles dans lesquelles elles se trouvaient.

Les problèmes ne sont pas les mêmes et donc les solutions diffèrent. Les sociétés asiatiques mettent un accent très fort sur le lien familial au risque de mettre une pression excessive sur les enfants, à l’inverse l’individualisme des sociétés occidentales provoque des situations d’abandon. L’opinion publique occidentale s’interroge sur l’homosexualité, alors que la polygamie divise le monde africain. Il est clair que c’est en fonction des situations locales que les communautés chrétiennes devront élaborer des réponses adéquates, notamment en ce qui concerne les divorcés. Il ne suffira pas de se référer à une «doctrine catholique» trop influencée par l’augustinisme occidental et le néo-platonisme. Il faudra revenir à une lecture attentive de l’enseignement et de la pratique de Jésus-Christ. En ce sens, le document de travail du synode était d’une affligeante pauvreté. Les apports de l’exégèse et de l’histoire de l’Eglise ancienne ne sont pas encore passés dans l’enseignement officiel de l’Eglise. Cette redécouverte de l’Evangile est indispensable pour nous permettre d’avancer sur le chemin d’une anthropologie véritablement chrétienne.

Jean-Blaise Fellay | 26.10.2015

Le synode renvoie les participants à leur propres responsabilité
26 octobre 2015 | 10:10
par Jean-Blaise Fellay
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