Chantal Reynier

Evangile de dimanche: «Faites des disciples»

Après la Pentecôte, l’Eglise célèbre la Trinité. N’est-ce pas l’œuvre de l’Esprit que de nous introduire dans les relations intimes qui unissent le Père au Fils et à l’Esprit, et réciproquement?

Nous sommes surpris cependant par l’injonction de Jésus aux siens dans la finale de l’évangile de Matthieu: «Allez! De toutes les nations faites des disciples». S’agit-il, au nom de ce Dieu en trois Personnes, d’enrôler tous les peuples de la terre sous une seule bannière? Voilà ce qui, à juste titre, nous met mal à l’aise. Et puis, le concile Vatican II n’a-t-il pas rappelé la liberté de chacun et de chaque nation à choisir sa religion? Jésus, ouvrant l’accès à Dieu pour tout être humain, ne va pas à l’encontre de la liberté de conscience.

Les nations, dans la bouche de Jésus, représentent ceux qui ne sont pas juifs; c’est la façon dont il peut parler de la multitude des hommes, sans prendre une position politique. Il invite ses disciples à ne pas rester enfermés dans leur maison, dans leur pays, dans leurs coutumes mais à accueillir l’Esprit de la Pentecôte qui leur révèle qu’ils sont fils d’un même Père et frères du Seigneur, et par conséquent frères de tous les hommes. La Bonne nouvelle que Jésus a proclamée n’est pas réservée à quelques-uns, à un peuple ou à une culture. Elle concerne tous les hommes sans exception puisqu’elle offre à tout homme la grâce de découvrir de quel amour il est aimé et comment cet amour est le même que celui qui unit le Père, le Fils et l’Esprit.

«La Bonne nouvelle que Jésus a proclamée n’est pas réservée à quelques-uns.»

Les disciples ont donc à «aller» vers leurs frères. Il leur faut de l’audace pour proposer la Bonne Nouvelle à tous. Ils savent néanmoins que «faire des disciples», c’est permettre à chacun, sans exclusive, d’avoir une relation vivante et personnelle avec le Christ afin d’être plongé dans la communion de vie avec Dieu. Voilà pourquoi il est question de «baptiser». Il ne s’agit pas d’intégrer le plus grand nombre dans l’Eglise, par le rite du baptême, mais de mettre le plus grand nombre en relation personnelle avec Dieu. Etre baptisé, c’est découvrir le prix que nous avons aux yeux de Dieu le Père qui nous unit à la mort et à la résurrection de son Fils, symbolisée par la plongée dans les eaux, et qui nous met debout dans la force de l’Esprit.

Un tel amour est capable de changer nos relations avec Dieu et avec les autres: nous le découvrons comme Père de Jésus et notre Père grâce à l’Esprit qui nous fait nous écrier «’›Abba!’, c’est-à-dire: Père!». Vivre sous cette attraction des trois personnes de la Trinité, vivre en communion avec elles, c’est devenir disciple, autrement dit, c’est devenir capable de servir le Christ dans ses frères qui sont aussi les nôtres. Notre suite du Christ ne sera pas alors une coutume, une habitude. Elle sera conformité à sa vie et à son enseignement; nous poserons les actes du Christ. Ainsi nous reconnaîtrons qu’il est «avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde». Non seulement il est au plus intime de notre cœur, mais il est présent dans le frère que nous servons et qui attend de nous que se révèle pour lui le visage d’amour du Christ.

Chantal Reynier | 25 mai 2018


Mt 28, 16-20

En ce temps-là,
les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
apprenez-leur à observer
tout ce que je vous ai commandé.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

La Sainte Trinité. Vitrail d'une église de Newcastle. | © Flickr/Lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0)
25 mai 2018 | 17:30
par Chantal Reynier
Temps de lecture: env. 3 min.
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