L'Evangile de dimanche: «Homme en toute chose»
Lc 4,1-13
Le récit des tentations de Jésus n’est pas à lire comme un compte-rendu détaillé de ce qui s’est passé à l’aube de son ministère, mais bien comme une page théologique qui révèle que le Fils de Dieu fut réellement soumis à la tentation et y a résisté.
Pour nous donner accès à cette réalité, Mt et Lc recourent au dialogue et s’inspirent des tentations vécues par les Hébreux au désert (cf. Ex 16; 32 et 17).
Sous l’animation de l’Esprit (1-2a)
C’est rempli d’Esprit saint (cf. 3,22) et conduit par lui que Jésus se retrouve au désert, un lieu où «réside» Satan (8,29 et 11,24) qui met à l’épreuve, mais aussi un lieu de rencontre privilégiée avec le Père (4,42; 5,16). Jésus y passe un temps plein (cf. la valeur du chiffre 40) durant lequel il est tenté par le diable, le séparateur, qui va précisément essayer de le détourner de sa vocation.
Première tentation (2b-4)
Jésus, qui (à la suite de Moïse, d’Elie…) n’a pas mangé durant cette période de préparation à sa mission, a faim. C’est sur ce besoin plus que naturel que se greffe la sollicitation diabolique: si (à supposer que, mais peut-être aussi puisque…) tu es Fils de Dieu… Jésus l’est Fils, comme l’a déclaré le Père lors du baptême (3,22).
Le diable incite Jésus à utiliser son pouvoir en sa faveur, à se passer des médiations normales.
La réponse de Jésus est cinglante, sans appel: une citation du Dt (8,3) qui déclare qu’il ne se crispe pas sur l’immédiat (que représente le pain) et qu’il refuse de faire des miracles à son profit.
Deuxième tentation (5-8)
Le diable procure à Jésus la vision (»en haut» et «en un instant») de tous les royaumes de la terre habitée, lui promettant tout pouvoir et gloire dont il prétend être le détenteur et disposer (»je la donne à qui je veux»).
Le prosternement devant lui (comprenons l’adoration) en est la condition (»si…»), ce qui constituerait le comble de la perversion, comme le rappelle Jésus en citant Dt 6,13.
Troisième tentation (9-12)
Le défi culmine à Jérusalem, la ville du salut. Le diable recourt à nouveau au titre de «Fils de Dieu«, incitant Jésus à un acte sensationnel: se jeter du pinacle du temple. Utilisant l’Ecriture, un psaume de confiance (91,11-12), le diable laisse entendre que le Père ne pourrait qu’intervenir (par la médiation des anges) en faveur de son Fils.
Pour Jésus ce serait tenter Dieu (Dt 6,16), en le forçant à faire la démonstration de sa bonté.
Une issue provisoire (13)
Le chiffre 3 indique une totalité: toute tentation. Il y a en effet dans cet épisode comme la matrice de toutes les tentations. Jésus en connaîtra d’autres durant son ministère; elles culmineront (cf. le moment fixé) lors de la passion (Gethsémani et les incitations à descendre de la croix: 23,35ss.), la racine de la tentation consistant toujours à douter de Dieu et de la bonté de son projet, à choisir le contentement immédiat plutôt que l’humble fidélité proposée par la Parole.
Là où Israël avait succombé, Jésus est demeuré fidèle, manifestant de la sorte qu’il est bien le Fils aimant du Père et que son ministère ne prendra pas le chemin des grandeurs humaines.
Vivre la tentation
Pas d’itinéraire croyant sans la rencontre avec la tentation qui est heureuse occasion de choix et donc de croissance.
Jésus nous dit par ce récit: pas d’entrée en matière (à la différence de ce que rapporte Gn 3), mais un regard vers Dieu et sa Parole, afin de ne pas «entrer dans la tentation».
Marie-Christine Varone | 12.02.2016
Luc 4, 1-13:
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