Homélie du 13 août 2017 ( Mt 14, 22-33)

Chanoine Jean-Pierre Voutaz – Hospice du Grand-Saint-Bernard

« Jésus marche sur les eaux »

Chers Frères et Sœurs,

Jésus marche sur les eaux. Véritablement. Il marche sur la mer et cela a une influence pour nous. C’est une vérité qui est invitée à nous transformer.

Nous venons d’horizons divers et de préoccupations différentes : l’écho des alpes de Charmey qui prend deux jours à la montagne, pour nous réjouir au plus intime et louer le Seigneur ; ici une maison qui ressemble à un gros bateau, parfois nous nous demandons si ce n’est pas le Titanic, une cinquantaine de membres d’équipage, un peu plus : communauté religieuse, bénévoles, employés, au service de l’accueil ; pèlerins de deux jours, qui avez marché une vingtaine de kilomètres. Il faisait tellement froid, hier, que vous êtes nombreux à avoir attrapé des crampes ; pèlerins sur la route de Rome : hier soir s’arrêta un jeune homme hollandais qui avait l’air fatigué des mois de marche, amis, voyageurs, pèlerins.

La mer : instabilité, mort

Nous entendons que Jésus marche sur la mer. Qu’est donc cette mer ? A la montagne, la mer pourrait être le brouillard, à la mer, la mer est la mer, un domaine où l’être humain est invité à vivre, à travailler, à trouver la subsistance pour sa famille, un domaine aussi d’imprévus, d’angoisses. Est-ce que le bateau va revenir avec les poissons et le navigateur ? La mer, domaine d’instabilité, de morts, de découragements. Et Jésus marche sur la mer. C’est une nouvelle absolument fabuleuse pour l’évangélisation.

Je suis dans l’ouragan

Si nous prenons dans le livre des Rois cette rencontre de Dieu avec le prophète Elie (1 Rois 19,9a.11-13a), nous voyons les circonstances que Dieu nous appelle à traverser pour le découvrir. Jésus marche sur la mer, en continu. Il est le maître de la vie et de la mort. Il est notre frère, vrai homme ; mais il est notre Dieu, c’est ce qui fait qu’il ne coule pas. Jésus marche sur la mer, et nous parfois nous traversons la tempête, l’ouragan intérieur. Jésus marche sur la mer et nous prenons la forme du hérisson, recroquevillés, à présenter les épines à ceux qui nous approchent : Moi je suis dans l’ouragan. Angoisses. Terreur. Je ne trouve pas la solution. Deuil. Maladie. Je suis dans l’ouragan, je perds pied, tremblements de terre. Le feu : n’approchez pas, je vous mords, je vous griffe, je vous enflamme, mais pas d’amour.

Certitude de la présence de Jésus

Jésus marche sur la mer. Et moi, qu’est-ce que je fais ? Je traverse ma vie en essayant de me débrouiller avec mes propres forces. Et après tout un long chemin, le prophète Elie découvre la brise, le vent léger. Son cœur a été purifié par tous ces cheminements intérieurs et il perçoit la voix de Dieu. Il perçoit cette main de Jésus qui marche sur la mer, qui m’invite avec lui à vaincre mes mers pour avancer. Et dans l’évangile, c’est fabuleux. Pierre, après la terreur, en est, dans son cheminement à lui dire mais Seigneur, si c’est toi, si c’est vraiment toi, fais que je marche sur la mer. Fais que je traverse ma vie avec cette certitude de ta présence, avec cette certitude de ton amour, plus forte que mon quotidien.

Marcher avec Jésus

Jésus lui dit : Viens ; et c’est la mission de l’Eglise. C’est la mission des baptisés. C’est ce que Jésus nous invite à vivre – nous qui venons d’horizons divers – à marcher avec Lui sur les mers de nos vies. Pierre regarde Jésus : ça va. Il regarde la mer : glou, glou, glou. Au secours ! Lorsqu’il appelle à l’aide, Jésus le secourt. Pierre avait repris ses vieilles habitudes : dans l’ouragan le hérisson, dans le tremblement de terre, la panique, dans l’instabilité le feu, la colère. Et tout à coup, Pierre se rappelle qu’il n’est pas seul. Au secours ! Et Jésus vient l’aider. Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? Je suis là, je marche sur la mer.

La mission de l’Eglise que le Seigneur nous invite à retenir pour aujourd’hui, nous l’avons entendue dans la seconde lecture, c’est une miséricorde débordante. Saint Paul, parlant aux Romains (Rm 9,1-5), leur dit : j’ai découvert ce Jésus, moi. Je l’ai découvert existentiellement. Il est le sens de ma vie. Pour que mes frères de race, le peuple Juif, puisse également le découvrir, pour que mes frères et sœurs en humanité puissent le découvrir, je donnerais ma vie. Je serais d’accord que l’on me jette dehors de l’Eglise, que l’on détruise ma réputation. C’est cela marcher sur la mer, laisser Jésus être le maître de ma vie, laisser sa charité et son amour dépasser toutes mes angoisses, et servir l’autre, me mettre à genoux dans mon quotidien. Eh bien Seigneur, aide-moi à vivre là, dans la mission évangélisatrice de l’Eglise. Amen


19e dimanche du temps ordinaire, Année A
Lectures bibliques : 1 Rois 19,9a.11-13a; Psaume 84; Romains 9,1-5, Matthieu 14,22-33


 

Codex Egberti Xe siècle Jésus marchant sur les eaux sauve Pierre qui se noie
13 août 2017 | 16:13
Temps de lecture: env. 3 min.
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