Homélie du 15 mai 2016 (Jn 14, 15-16.23b-26)

Abbé Pascal Lukandi – Chapelle de l’hôpital de Malévoz, Monthey

Chers amis, frères et sœurs,

En cette fête de Pentecôte, descente de l’Esprit Saint, force d’en haut promise par le Christ à ses disciples, nous avons l’occasion de célébrer en même temps le souvenir d’un témoignage de Sainte Dympna, consécutif à l’annonce de ce Jésus donné pour le salut de l’humanité entière.

C’est cette force d’en haut qui, à travers tout le temps pascal que nous venons de vivre, nous fait «un dans le Christ Jésus». Être un avec le Christ, c’est vivre de lui, le rendre présent, en même temps que le Père, dans le cœur de tout celui qui aime Jésus.

Dans l’évangile, tout se présente d’abord avec cette condition : «si vous m’aimez» ; «si quelqu’un m’aime». Ainsi, ce qui advient au croyant dépend de sa libre acceptation du don de Dieu : garder les commandements et ses paroles.  Mais dans l’évangile de ce dimanche de Pentecôte, ce qui importe, c’est la prise de conscience par le croyant qu’il n’est plus seul, que l’Esprit Saint lui est envoyé.

L’Esprit que le croyant reçoit, c’est celui de Jésus. Le temps que nous vivons est celui de l’Esprit. En effet, l’Esprit envoyé par le Père au nom de Jésus va tenir son propre rôle parmi ceux qui l’aiment.

Mais cet Esprit envoyé par le Père fait comprendre le message laissé par Jésus à ses disciples, pendant son ministère terrestre. Cependant l’activité de l’esprit ne se réduit pas à un aide-mémoire pour les disciples, car son enseignement est en même temps une  actualisation. L’Esprit n’est pas là pour se substituer au Christ, mais il est la présence active du Christ glorifié. Il garde la parole et l’œuvre de Jésus pour l’Église, les actualise et les interprète. En chacun et pour chacun.

«Une inculturation à réinventer sans cesse»

L’Esprit Saint nous est donné pour former la communauté de celles et ceux qui aiment le Christ, et qui agissent en son nom. Ils pourront ainsi parler un  même langage, celui de l’amour : ils trouveront les mots que le monde pourra comprendre, sans décodeur. Il s’agit une inculturation à réinventer sans cesse pour rejoindre les périphéries proches et lointaines, comme nous le demande le pape François. C’est-à-dire aller vers ceux qui sont loin de nous, qui ne partagent pas les mêmes idées, la même foi, la même religion avec nous.

Saint Paul nous rappelle que l’Esprit habite en nous. Sommes-nous conscients de cette nouvelle situation de privilégiés, des Fils de Dieu, qui est la nôtre, afin de nous laisser conduire par l’Esprit ?  Dans quel état d’esprit sommes-nous réellement par rapport à Dieu : comme des esclaves rebelles ou comme des fils confiants et reconnaissants.

Mesurons un peu ce que cela représente de pouvoir considérer Dieu et lui parler comme «notre Père». Nous sommes les seuls, -en tant que chrétiens-, à avoir l’audace de le faire. Il fait de nous ses enfants, ses héritiers. Il nous donne son Esprit, il nous appelle à partager sa gloire, sa vie céleste sans limite de temps.

«Le langage universel du cœur et des actes»

La seule condition, c’est le témoignage à rendre. Témoigner de l’espérance en la résurrection n’est pas optionnelle, mais déterminant pour être chrétien, pour suivre le Christ. En effet, l’Esprit que nous avons reçu n’est pas un esprit de peur ni d’esclave, mais des fils. Alors, fils comme et avec le Christ, accueillons l’audace de parler aux gens qui nous entourent, leur dire avec le langage universel du cœur et des actes, que Jésus est notre unique trésor. Par des mots simples et courageux, nous repousserons la compromission, l’iniquité, la haine, le mépris, l’indifférence, la violence, l’infidélité. Au profit de la vérité, de la charité et de l’espérance qui nous habitent.

Voilà notre témoignage. Le Christ l’a vécu au désert, en repoussant les avances du démon. Voilà l’héritage que nous a légué Sainte Dympna. Elle qui venait de recevoir l’enseignement et le baptême au nom de Jésus par le Père Gerebernus. Horrifiée par l’idée farfelue de son père de l’épouser, elle s’est bien souvenue des paroles de Jésus. Elle les a gardées, pas comme on conserve un trésor derrière les remparts d’une forteresse, mais comme on garde sa pureté ou comme on garde le sommeil d’un enfant. Elle a ainsi repoussé l’inceste au profit de l’hospitalité, d’après Bernard Forthomme.

Nous sommes donc appelés à nous souvenir, par l’action de l’esprit qui les rend vivantes, des paroles du Christ, en nous les rappelant jusqu’à ce que nous voulions ce que Jésus veut. Alors, ouvrons nos cœurs au souffle de l’Esprit, qui renouvelle la face de la terre, qui nous transforme et nous dispose à vivre par toute notre vie les paroles du Christ. Que nos gestes et nos actes l’annoncent.

Prions ainsi pour les malades de notre hôpital et de partout, afin que par l’intercession de Sainte Dympna, ils trouvent sur leur chemin un cœur et un esprit qui les écoute.

Prions Dieu notre Père afin qu’il bénisse le personnel soignant, médecins, infirmier(ère)s. Qu’il leur donne  toujours la force nécessaire afin que le poids des souffrances des patients ne les accable pas, que la détresse qu’ils soulagent n’entame pas leur joie, que la blessure qu’ils pansent ne leur fasse pas mal, afin qu’ils puissent toujours regarder chaque patient comme un frère à aimer et à servir. Et que la fête de sainte Dympna nous inspire pour pouvoir nous donner sans compter pour nos frères et sœurs. Au nom du Christ au service de qui nous nous sommes mis. Aujourd’hui et pour les jours à venir. Amen !

 


Dimanche de Pentecôte, Fête patronale de Malévoz

Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; Psaume 103; Romains 8, 8-17 ; Jean 14, 15-16.23b-26

Photo:evangile-et-peinture
15 mai 2016 | 09:15
Temps de lecture: env. 4 min.
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