(Icône orthodoxe, Istanbul)
Homélie

Homélie du 16 avril 2017 (Jn 20)

Abbé Jérôme Hauswirth – Monastère des Bernardines, Collombey-Muraz, VS

Pâques : le tombeau vide

C’est par une femme que la mort est entrée dans le monde : Eve.
Mais c’est aussi par le « oui » d’une femme que Dieu s’est fait homme : Marie.
Et ce ne sont quasiment que des femmes qui sont restées fidèles jusqu’à la croix,
et la mort sur la croix.

C’est étonnant, cette place de la femme. Place essentielle. Toujours au moment clef.

Les hommes ont trahis ou reniés, ou alors fuit.
Mais les femmes sont restées fidèles… sans comprendre.
C’est beau cela : être fidèle, encore fidèle, toujours fidèle,
alors que l’on ne comprend pas, alors que l’intelligence est dépassée.

Les femmes ont un rôle unique dans le christianisme. Ce sont elles qui reconnaissent d’un seul trait le Christ, alors que les apôtres ont beaucoup douté.

Et voilà que dans l’évangile de ce jour,
c’est encore une femme qui se lève de bon matin
pour aller au tombeau.

Un signe : la pierre est roulée

Et voici qu’un signe est donné à cette femme, Marie Madeleine :
Elle va être la première à constater … que la pierre est roulée.
Et devant cette pierre roulée, face à ce tombeau ouvert, elle rapportera aux apôtres : « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis ».

Nous ne savons pas où on l’a mis…

Marie de Madeleine dit là quelque chose d’essentielle : nous /ne /savons /pas.

Croire : une autre façon de voir le monde

ET PARADOXALEMENT, C’EST UN BIEN QUE DE PAS SAVOIR !

CAR IL NE S’AGIT PAS DE SAVOIR, MAIS DE CROIRE.
La résurrection n’est pas une connaissance à acquérir,
mais regard différent à poser sur le monde.

Croire cela veut dire : s’ouvrir à une autre façon de voir le monde.
La foi, c’est un regard divin sur le monde !

Face à la même réalité, deux regards sont possibles :
Le regard avec la foi.
Et le regard sans la foi.

Le regard de Jean ou le regard de Pierre

Pour le dire autrement, avec l’Evangile du jour,
Le regard de Jean ou le regard de Pierre.

PIERRE entre dans le tombeau, voit les linges gisant à terre,
ainsi que le suaire qui couvrait la tête de Jésus.
Il voit rigoureusement ce qui est visible,
il voit ce qui tombe sous le regard.

Et ce qu’il voit, c’est l’absence.
ABSENCE TROUBLANTE DE CELUI QUI ÉTAIT JÉSUS.

Pierre est le représentant de l’ancien monde, dans ce monde
où il fait sombre, dans ce monde où la mort est le dernier mot.

JEAN, lui, se penche.
Geste qui fait penser à une prostration.
Et il contemple le linceul resté là.
SON REGARD, ILLUMINE PAR L’AMOUR SCRUTE L’INVISIBLE.

Et l’évangéliste de nous donner ses paroles absolument extraordinaires :
« IL VIT …ET IL CRUT » !
Mais qu’est-ce qu’il a vu ? Et bien il a vu la même chose que Pierre !!!

MAIS JEAN A PRESSENTI LA PRESENCE CACHEE AU CREUX DE L’ABSENCE.

Pierre est entré dans un tombeau vide.
Pour lui, la pierre a certainement été enlevée du tombeau pour faire sortir un cadavre.
Pour Pierre cela veut dire que la mort à gagné et que Dieu s’est retiré.
Pour Pierre, la mort a le dernier mot. Tout est perdu.

La vie a le dernier mot

Jean est aussi entré dans un tombeau vide.
Mais pour lui, la pierre est roulée pour permettre aux croyants d’entrer
et de se tenir en présence du Seigneur.
Pour Jean, tout a changé : le lieu a changé : ce n’est plus la sépulture d’un défunt,
mais le temple du Dieu vivant.

Pour Jean cela veut dire que nous sommes entrés dans un temps nouveau,
dans un monde nouveau.
Pour Jean, la vie a le dernier mot. Tout prend un sens nouveau !

Posons des gestes de foi

Je pense que chacun de nous passe par cette double approche.

Par la raison nous ne voyons que l’évènement brut.
Et l’analyse est comme limitée à ce qui est observable.
Par la raison, nous voyons ce qui est visible pour les yeux de chair.
MAIS L’ESSENTIEL EST INVISIBLE POUR LES YEUX
(comme le disait le renard du petit prince).

SEUL L’ESPRIT ILLUMINE PAR LA FOI PEUT VOIR L’INVISIBLE.
SEULE LA FOI PERMET DE VOIR DANS CE TOMBEAU VIDE
LA VICTOIRE DU VIVANT SUR LA MORT ET LE PÉCHÉ.

Cherchons donc à tout faire pour que notre foi grandisse.
POSONS DES GESTES DE FOI, CONCRETS, AU QUOTIDIEN.

Osons commencer la journée par un signe de croix.
Quand l’angélus sonne, écoutons Dieu qui nous appelle à la prière.
Quand nous passons à table, rendons grâce à Dieu
pour la merveille du repas partagé.

L’invisible présence de Celui qui est la Vie

LA FOI GRANDIT PAR DES ACTES LIBRES. Des actes simples. Des actes concrets.
SI ON POSE RÉGULIÈREMENT DE TELS GESTES, ALORS LA FOI GRANDIT.

Et quand la foi grandit, on voit la vérité. On voit même l’invisible.

ON VOIT JUSQUE DANS LE TOMBEAU VIDE L’INVISIBLE PRÉSENCE DE CELUI QUI EST LA VIE.
On voit dans une épreuve un sens plus réel encore que la souffrance !

Soyons clairs : Nous avons tous à convertir notre regard. A purifier notre regard.

CHANGE TON REGARD ET LE MONDE CHANGERA.
CHANGE TON REGARD ET TU CHANGERAS.

POSE DES GESTES DE FOI, AU QUOTIDIEN, ET TON REGARD SERA PROFONDÉMENT CHANGÉ.

ET ALORS TU CONTEMPLERAS DANS CE QUI RESSEMBLE A UNE ABSENCE
UNE PRÉSENCE PLUS RÉELLE ENCORE QUE LA RÉALITÉ.

Amen


DIMANCHE DE PÂQUES : LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume : 117, 1-2, 16-17, 22-23; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9 – Année A


 

(Icône orthodoxe, Istanbul)
16 avril 2017 | 09:20
Temps de lecture: env. 4 min.
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