Homélie du 18 décembre 2016 ( Mt 1, 18-24)

Père Pierre Jaquet – Basilique Notre-Dame, Genève

 

« Connaître le message de l’Incarnation : une grâce qui se répand dans le cœur »

Comment Dieu accomplit-il ce qu’il dit ?

Comment le Seigneur réalise-t-il son œuvre ?

Comment vient-il apporter le Salut ?

A entendre les lectures de ce dimanche une réponse s’impose : en étant ce qu’il est  à savoir « Emmanuel », « Dieu avec nous » !

Le prophète Isaïe l’annonçait : « le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).»

Jésus, par excellence, est le signe de « Dieu avec nous » ; il est ce fils engendré de l’Esprit Saint, enfanté par Marie, épouse de Joseph, avant qu’ils n’habitent ensemble ; « Jésus » signifie : « le Seigneur sauve », « car c’est lui en effet qui sauvera son peuple de ses péchés ».

La lumière divine  s’incarne en Jésus

L’accomplissement de l’œuvre de Dieu suit une ligne claire. Saint Paul vient de la rappeler : « Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, (…)  Cet Évangile (…)  concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David  et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur.»

On peut le constater, dans ce qu’il accomplit, Dieu suit une ligne claire. Et à leur tour, menant à bien ce qui vient de l’Esprit saint, Marie et Joseph témoignent de cette lumière divine qui s’incarne en Jésus.

Des attitudes qui fatiguent Dieu

Toutefois, ce que l’homme accomplit ne présente pas toujours la rayonnante attitude de Marie et de Joseph.

Ainsi de cette remontrance du prophète Isaïe au roi Acaz : « Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! »

 Il est donc des attitudes qui fatiguent et les hommes et Dieu.

D’après Isaïe, ce qui fatigue Dieu est sa mise à l’écart par le roi d’Israël Acaz. Israël se trouve en effet dans une situation difficile, de défaite, d’humiliation – la fatigue des hommes – et le roi Acaz, plutôt que de se tourner vers Dieu, s’en méfie, en a peur. Isaïe dénonce ce manque de confiance du roi en s’exclamant : « Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! » 

La religion reléguée à la sphère privée

Cette fatigue, cette lassitude, ne les connaissons-nous pas nous aussi aujourd’hui ? On voit en effet le monde contemporain toujours plus se tenir à l’écart des grands idéaux moraux et spirituels et considérer les institutions religieuses comme de simples corporations ou associations. Non, le monde moderne ne s’intéresse pas à Dieu et la religion est toujours plus reléguée à la seule sphère très privée de l’intime de chacun.

Le Dieu de la Bible n’est pourtant jamais sans son peuple qui imprime sa marque dans la vie du monde et en influence le cours. L’Église est le sacrement du salut pour le genre humain.

Un cadre qui donne un sens à la vie

« Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes ! » Les nombreux débats des médias sur les thèmes redondants de l’actualité ne finissent-ils pas aussi par lasser ? Et ce qui manque le plus cruellement aujourd’hui, n’est-ce pas un cadre de référence qui donne un sens à la vie, une pensée forte avec laquelle regarder en direction d’un demain meilleur ?

Une initiative porteuse de joie

L’origine de Jésus Christ dont parle l’Evangile situe l’actualité de Dieu dans un maintenant, dans l’aujourd’hui du temps.

Dieu prend l’initiative : « L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée à une jeune fille du nom de Marie. » 

Une initiative porteuse de joie : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » 

Une initiative dans laquelle l’impossible à l’homme se réalise : « Sois sans crainte Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils.» 

Dieu acteur principal

Une initiative où Dieu est l’acteur principal : « L’Esprit saint viendra sur toi, la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » 

Une initiative enfin qui, loin de le « fatiguer », éveille l’homme à sa liberté : « Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole. » 

Hier, Israël était « fatigué » et pourtant Dieu a pris l’initiative de l’Annonciation et du songe à Joseph. Sa décision éclaire notre aujourd’hui si rempli des fatigues de notre temps.

Comme hier, Dieu prend l’initiative aujourd’hui !

Son appel suscite toujours la joie !

L’impossible à l’homme se réalise encore !

Et le cœur de l’homme peut toujours retrouver en Dieu une vraie liberté !

Comment nous situer devant Dieu aujourd’hui ?

Marie et Joseph en furent et en sont les témoins véritables.

Comment nous situer devant Dieu aujourd’hui ?

« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. »

Comment nous situer devant Dieu aujourd’hui ?  En « faisant » nous aussi ce que Dieu dit  « faire ».

Le refus de se réveiller

C’est à cet endroit précis que se trouvent, aujourd’hui, les causes de la fatigue de notre monde : dans le mépris  du vouloir de Dieu ; dans le refus de se réveiller.

Non, Dieu n’est pas fatigué ni ne se fatigue d’accomplir son œuvre ! Ni les croyants ni l’Église non plus !

Que la fête de Noël qui approche nous enhardisse à mettre nos pas dans ceux de Marie, de Joseph. Ne passons pas à côté de ce signe que Dieu nous donne !

Oui, comme l’a dit la prière d’ouverture : «  Laissons le message de l’Incarnation répandre sa grâce dans nos cœurs. »

Notre-Dame de Genève, priez pour nous !

Notre-Dame, Messagère de paix, priez pour nous !

 

 


4e dimanche de l’Avent

Lectures bibliques : Isaïe 7, 10-16 ; Psaume 23 ;  Romains 1, 1-17 ; Matthieu 1, 18-24


 

Photo:evangile-et-peinture.org
18 décembre 2016 | 09:15
Temps de lecture: env. 4 min.
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