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Homélie

Homélie du 1er octobre 2017 (Mt 21, 28-32)

Chanoine Cyrille Rieder – Abbaye de Saint-Maurice,VS

Mes bien chers frères et sœurs,

Il semble qu’il y ait quatre leçons dans la lecture du livre d’Ezéchiel que nous venons de lire :

1) on ne paie jamais pour les autres
2) un avenir est toujours possible
3) un appel à la conversion
4) même dans le malheur, vivre au plein sens du terme, c’est-à-dire en union avec Dieu, est toujours possible.

 

Premièrement, étape très importante dans la découverte de la justice de Dieu : On ne paie jamais pour les autres. L’une des premières phrases de ce texte, c’est : « vous dites ›La conduite du Seigneur est étrange’ ». C’est que le peuple d’Israël est en pleine révolte contre Dieu. Il traverse une période atroce, l’exil à Babylone et il crie : « qu’est-ce qu’on a fait à Dieu pour mériter cela ? » Même aujourd’hui cette phrase nous vient spontanément à la bouche quand le malheur nous arrive. On se rappelle l’histoire de l’aveugle-né chez saint Jean. En le voyant, les disciples de Jésus lui ont posé la question classique : « Qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? », en d’autres termes « à qui la faute ? »

Au temps d’Ezéchiel, cette question « à qui la faute ? » se posait de façon dramatique. Ezéchiel fait partie des habitants de Jérusalem déportés à Babylone par les armées de Nabuchodonosor. C’est la catastrophe : on a vécu toutes les atrocités d’une guerre, et maintenant, à Babylone, loin du pays – la fameuse Terre promise, qui devait ruisseler de lait et de miel, disait-on -, loin de Jérusalem détruite, loin du Temple saccagé, avec la population décimée… on a tout perdu. Or cette génération dans la tourmente n’est pas pire que les précédentes. Et on a quand même bien l’impression qu’on paie tout le poids du passé, les fautes accumulées des générations précédentes (jusqu’à la quatrième), comme si le vase de la colère de Dieu avait tout d’un coup débordé. De là à faire un procès à Dieu, il n’y a qu’un pas, vite franchi. Et voilà que Dieu lui-même aujourd’hui se disculpe : Cessez de dire : « Les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils en ont été agacées » et écoutez : « Si le juste se détourne de sa justice… il mourra à cause de sa perversité. Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté, s’il met en pratique le droit et la justice, il sauvera sa vie » Autrement dit, on n’est jamais puni pour un autre.

Plus tard, du temps de Job, on reconnaîtra qu’il n’y a pas de mesure automatique entre nos actions, bonnes ou mauvaises et ce qui nous arrive de bon ou de mauvais… que les bons ne sont pas forcément récompensés  ni les méchants punis. On découvrira qu’on ne paie jamais rien, ni pour d’autres, ni pour soi-même… parce que Dieu ne punit jamais.

Plus tard encore, on découvrira que Dieu n’est pas la cause directe de tout ce qui nous arrive. Pour l’instant, avec Ezéchiel, on cesse d’accuser Dieu de nous faire payer les fautes de nos parents.

 

Deuxième leçon de ce texte : un avenir est toujours possible ; rien n’est jamais définitivement joué. Leçon capitale !… Pour nous encore aujourd’hui, d’ailleurs. Car effectivement, tant qu’on croit qu’on paie pour les autres, on est tenté de s’abandonner au désespoir ; or Ezéchiel, comme tout bon prophète, n’a pas de pire ennemi que le découragement. C’est pourquoi, il faut prendre au sérieux cette phrase : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté, s’il se met à pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra. » Il est toujours temps de changer de conduite, de se convertir, de faire demi-tour, nous dit encore Ezéchiel.

 

Et donc, la troisième leçon de ce texte découle directement de la précédente : c’est un appel à la conversion : « Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt… Revenez donc et vivez ! »

 

Quatrième leçon de ce texte : même dans le malheur, vivre au plein sens du terme, c’est à dire en union avec Dieu est toujours possible. Ezéchiel parle beaucoup de vie et de mort. Mais il vise autre chose que la vie et la mort physiques. Les exilés, d’ailleurs, parlaient de leur exil comme d’une situation de mort : « Nos révoltes et nos péchés sont sur nous, nous pourrissons à cause d’eux, comment pourrons-nous vivre ? ». Pour eux, privés de tout ce qui faisait leur vie et en particulier la pratique de leur foi, l’exil était une situation de non-vie, une espèce de mort larvée. Ezéchiel ne leur promet pas toute de suite le retour, mais il leur dit : « la vraie vie, c’est l’intimité avec Dieu » et cela, c’est possible partout. « Convertissez-vous et vivez ! »

 

Quatre leçons donc dans ce texte, toutes éminemment positives.

C’est à cela que l’on reconnaît les prophètes.

Retenons :

On ne paie jamais pour les autres.

Un avenir est toujours possible.

Appel à la Conversion.

Vivre l’Union avec Dieu est toujours possible

Ainsi soit-il !


26e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Lectures bibliques : Ezéchiel 18, 25-28; Psaume 24, 4-5ab, 6-7, 8-9; Philippiens 2, 1-11; Matthieu 21, 28-32


 

 

 

 

 

 

 

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1 octobre 2017 | 19:56
Temps de lecture: env. 4 min.
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