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Homélie

Homélie du 21 mai 2017 (Jn 14, 15-21)

Abbé Henri Roduit – Église Saint-Théodule, Isérables, VS

L’évangile de ce jour fait partie du premier discours d’adieu de Jésus dans l’évangile de saint Jean. Jésus a passé environ 2 ans avec ses apôtres qui ont tout quitté pour le suivre. Il veut les préparer au drame que va être pour eux sa mort sur la croix. Pour qu’ils n’en restent pas à l’échec apparent du supplice le plus terrible que les Romains infligeaient aux esclaves, la crucifixion, il veut leur apprendre à vivre sans sa présence physique à leur côté, à vivre une certaine absence ou plutôt une autre forme de présence, puisque ressuscité il leur fera le grand don de son Esprit.

Expérience personnelle de communion     

Mais il y a une condition pour que les disciples puissent vivre cette expérience, c’est qu’ils vivent ce que Jésus lui-même a toujours vécu : l’amour gratuit. « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » . Quels commandements ? Les apôtres s’en souviennent bien : ce sont l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Les apôtres sont donc invités à garder les paroles de leur maître et à poursuivre l’œuvre qu’il a commencée. Grâce à l’Esprit promis, ils ne seront pas orphelins. Au plus intime, au cœur de leur cœur, ils feront une expérience personnelle de communion avec Dieu. Ils découvriront que leur vie est liée à celle du Christ : « vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous ». Ce qu’exprimera de façon remarquable saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». Et ils en feront l’expérience en réalisant le commandement de  l’amour : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ».

Une autre forme de présence

Ces paroles de Jésus peuvent nous aider à comprendre une des étapes du deuil.  Après le décès d’un proche, d’un conjoint par exemple, beaucoup de personnes, pendant les mois suivants accumulent des souvenirs extérieurs, des photos, des habits… Ils vivent un temps très pénible de manque, d’absence, de déstructuration. Tout leur parait vain, inutile. Mais progressivement certains réussissent à se restructurer. Le défunt n’est plus, pour eux,  à l’extérieur mais à l’intérieur d’eux-mêmes. Ils passent à un autre lien avec lui, à une autre forme de présence. Grâce à l’amour qu’ils avaient et qu’ils ont toujours pour lui, ils trouvent des forces nouvelles pour continuer apparemment seuls, l’œuvre commencée à deux. Ils vivent une expérience de communion profonde, dans la communion des saints, avec le défunt qui leur est bien présent. Je me rappelle de cette veuve qui me disait : « Il est toujours avec moi. Je ne suis jamais seule. Il m’aide à réaliser ce qu’on faisait autrefois à deux ».

L’expérience des personnes vivant un deuil et le texte de l’évangile de ce jour peuvent donc s’éclairer l’un l’autre.

Nous sommes dans le temps pascal : temps où le deuil, l’échec apparent, font place à  la découverte du tombeau vide, à la présence inattendue et mystérieuse du Ressuscité et au don de l’Esprit Saint : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité… vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.»

Que ce temps soit l’occasion de découvrir au cœur de nos deuils et de nos échecs, la force de l’Esprit qui nous révèle la présence du Christ et nous donne de l’expérimenter dans la fidélité à sa parole.


6e DIMANCHE DE PÂQUES
Lectures bibliques : Actes 8, 5-8.14-17; Psaume 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20; 1 Pierre 3, 15-18; Jean 14, 15-21 – Année A

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21 mai 2017 | 09:20
Temps de lecture: env. 3 min.
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