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Homélie

Homélie du 23 juillet 2017 (Mt 13, 24-30)

Chanoine Raphaël Duchoud – Hospice du Grand-Saint-Bernard

Chers Pèlerins, chers frères et sœurs dans le Christ qui vous vous unissez à notre célébration par l’intermédiaire des ondes de la Radio romande,
Chaque année, par les différents pèlerinages alpins organisés par l’Hospice du Grand-Saint-Bernard auxquels chacun est invité à participer, l’exhortation de se mettre en route pour vivre une expérience d’Eglise à la recherche du Christ résonne dans le cœur et invite à se mettre en marche. Pour certains, cette participation au pèlerinage est une tradition qu’on ne veut pas manquer, pour d’autres c’est une découverte vers l’inconnu : l’inconnu de la rencontre, l’inconnu de la marche, l’inconnu de la destination.

La route : école de confiance

Dans l’Ancien Testament, quand le Seigneur exhorte Abraham à quitter sa nation pour aller vers le pays qu’il lui aura indiqué, il l’invite à la confiance, mais aussi à la patience face aux imprévus de l’histoire. Se mettre en route implique donc un certain renoncement aux sécurités pour se mettre à l’école de la confiance, de la patience et de la miséricorde, attributs spirituels qui rapprochent des sentiments divins du Seigneur à l’égard de toute l’humanité.
«L’amour prend patience, l’amour rend service» proclame-t-on souvent lors de célébrations de mariage. On retrouve ces mêmes sentiments dans l’attitude du maître de la moisson dans la Parabole de l’ivraie et du bon grain que la liturgie de ce dimanche présente à notre méditation.

Une humanité imparfaite

Notre Dieu ne cesse de vouloir entrer en relation avec notre humanité marquée par le péché et qui, par conséquent, reste imparfaite ; dans toute activité humaine croissent ensemble une part d’ivraie et de bon grain, en tenant compte que, dans la parabole de l’Evangile, l’ennemi qui sème l’ivraie n’est pas propriétaire du champ, par contre le bon grain relève du travail accompli par le propriétaire du domaine. Cela revient à dire que tout ce qui comporte de bien, de grand et de beau dans n’importe quelle œuvre humaine accomplie en vue du Royaume appartient au Maître de la moisson.

L’hospitalité, source de relation

Dans un même ordre des choses s’inscrit le charisme de l’hospice du Grand-Saint-Bernard : l’hospitalité. En effet, le thème des pèlerinages alpins organisés par l’hospice s’intitule : l’accueil et l’hospitalité, c’est pas compliqué. En se référant à l’antienne du cantique de la Vierge Marie chantée lors des Vêpres de la Fête de saint Bernard, on trouve cette pensée : « Il faut peu de choses : un toit, de l’eau, de la lumière, et le passant s’y réchauffe, le temps de traverser la nuit. » L’hospitalité peut donc se pratiquer dans la grande simplicité sur le plan matériel sans pourtant être dépouillée de toute richesse humaine qu’elle peut engendrer quand elle devient source de relation.

Accueil de l’inconnu

La devise de l’hospice du Grand-Saint-Bernard (ici le Christ est adoré et nourri) invite à vivre une dimension relationnelle dans la pratique de l’hospitalité : une expérience de vie, d’accueil et de respect. Il est vrai qu’on peut vivre cela chez soi, à la maison, avec les voisins de palier, dans les communautés villageoises, etc. Mais au cœur d’une démarche de pèlerinage, elle se vit dans l’accueil de l’inconnu qui demande une certaine ouverture de la part de chacun. Le Seigneur Jésus ne s’arrêtait pas aux apparences pour rencontrer les gens et les accueillir, mais c’est au niveau de la foi qu’il construisait un lien de vie avec ceux qui l’approchaient. Il se montrait ouvert en respectant toute personne qui l’approchait. Mais chacun est invité à entrer en relation avec lui dans une démarche de vie et de foi, aussi bien la Samaritaine que l’Aveugle de naissance ou encore les lépreux, les démoniaques et même les Pharisiens hostiles à sa doctrine : tous y sont invités, les bons comme les moins bons ; personne n’est exclu.

Présence divine au cœur de toute rencontre

Au cœur de la rencontre qui devient hospitalité, Dieu se fait hôte. Comme auprès d’Abraham, au Chêne de Mambré, Dieu s’invite à déjeuner dans la simplicité, il le fait pareillement auprès des hôtes que nous sommes. Certes, cela occasionne parfois des difficultés à reconnaître une présence divine au cœur de toute rencontre et de vivre cet accueil dans la sérénité d’une disposition intérieure ; l’hospitalité manquée, faute de confiance, rappelle la réalité de la vocation d’une Eglise qui tend à la perfection mais qui reste en elle-même composée d’êtres humains pécheurs, réalité dont elle est pleinement consciente.

L’Esprit Saint nous fortifie

Mais comme l’amour du Seigneur est de toujours à toujours, l’affection de Dieu pour son Eglise va au-delà de toutes les imperfections dues à la présence de l’ivraie au cœur de l’action quotidienne de ses enfants. Au sein de la communauté des Apôtres qui était loin de constituer un groupe d’élites parfaites, il envoie son Esprit-Saint qui est défini comme celui de la paix : « Recevez l’Esprit-Saint : tout homme à qui vous remettez les péchés, il lui seront remis … ». Ce même Esprit accompagne l’Eglise dans sa mission, c’est lui qui fortifie ses membres pour permettre à ceux-ci de tamiser le bon grain et l’ivraie afin de recueillir dans le grenier ce qui a de la valeur. Certes, même au cœur de l’hospitalité, un tri de ce genre est à faire : combien de fois la fatigue, par exemple, peut altérer notre manière d’exercer l’hospitalité !

Le bon grain porteur de vie et d’espérance

En se référant à la lettre aux Galates, on y trouve mentionné les neuf fruits de l’Esprit Saint énumérés par l’Apôtre Paul: « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, confiance, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). Chacun de ceux-ci renferme une qualité propre à rendre l’hospitalité signe de la présence divine au cœur de notre monde ; tous reflètent une attitude de respect de la part d’un cœur qui recherche vraiment Dieu et chacun des fruits peut se vivre au quotidien dans une relation constructive qui révèle que le bon grain est porteur de vie et d’espérance.

Purification nécessaire

Si le passage de la lettre aux Romains de ce dimanche souligne que l’Esprit saint vient en aide à notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut, l’auteur est conscient que, malgré les bonnes dispositions de chacun, il y aura toujours de l’ivraie à passer au tamis pour que le bon grain puisse être purifié, il y aura toujours une purification nécessaire pour que nos sentiments tout humains puissent se rapprocher de ceux du Seigneur dont l’image de patience nous est révélé par Jésus lui-même, puisqu’il nous exhorte à tendre vers la perfection par ce commandement : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Pratiquons donc l’hospitalité au plus intime de nous-mêmes à l’égard de Celui qui peut tout en nous faisant mendiant de sa grâce.

 

Seigneur,
Je voudrais aimer comme tu aimes.
Pouvoir aimer sans condition.
Pouvoir partager mon pain avec ceux qui n’en n’ont pas.
Mettre un couvert de plus à ma table pour l’étranger.
L’accueillir, en lui donnant le meilleur de moi.
Si je ne peux pas donner autre chose que mon sourire,
qu’il voie ta nature en moi !
Tel est mon désir, mon Roi.
Je ne cherche pas de récompense
Seulement donner ce que tu me donnes
L’amour pour l’humanité
Amen


16e dimanche du temps ordinaire, Année A
Lectures bibliques : Sagesse 12,13.16-19; Romains 8, 26-27; Matthieu 13, 24-30


 

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23 juillet 2017 | 09:20
Temps de lecture: env. 5 min.
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