Homélie du 23 octobre 2016 (Lc 18, 9-14)

Père Jean Louis Rey – Chapelle St-Joseph, École des Missions, St-Gingolph

Deux hommes montèrent au Temple pour prier comme nous ce matin.

Il y a d’abord ce PHARISIEN – un notable du peuple juif -. Il ne vient pas demander quelque chose au Seigneur. Non, il vient plutôt étaler ses performances, faire le malin devant Dieu et devant les autres : MOI, JE. Je respecte bien tous les règlements et toutes les lois, et même plus, tandis que les autres hommes sont voleurs, injustes, adultères comme cet homme, ce publicain qui se cache derrière une colonne.

Ce pharisien, quel orgueil !  Quelle suffisance ! Quel mépris ! C’est pourquoi, dit Jésus, Dieu ne reçoit pas sa prière.

Situation de pécheur

Par contre, le PUBLICAIN, ce fonctionnaire qui collectait les impôts, lui, il ›se tient à distance, derrière une colonne, et il n’ose même pas lever les yeux vers le ciel… Il se contente de se frapper la poitrine en disant : › Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! Prends pitié du pécheur que je suis…’
Devant Dieu et devant les hommes, il reconnaît humblement sa mauvaise conduite, ses vols, bref sa situation de pécheur.
Il reconnaît surtout qu’il a besoin du Seigneur pour réapprendre à vivre dans la justice et l’honnêteté, dans le respect du bien d’autrui et du droit des autres.

C’est pourquoi le Seigneur écoute sa prière et il retourne dans sa maison, en paix, reconnu par Dieu comme un juste.

Témoignage de foi

Dans la 2ème lecture, Ruth Soo Oloko nous a donné son témoignage, Elle ne dit pas d’abord : Moi je – comme le pharisien de l’Evangile -.
Elle ne dit pas : Nous les femmes, nous éclairons notre foyer, nous éclairons l’Eglise…
Non, Ruth dit d’abord : ›C’est la foi en Jésus Christ qui m’a fait grandir et m’a permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui…
Et alors ma foi est devenue plus forte et plus active et plus solidaire : avec les hommes, nous construisons notre foi, nous construisons notre économie et notre pays, ensemble nous portons notre Église.

Soyons fiers de notre foi

Finalement, Ruth dit aux croyants de Suisse :
« Ayez la foi ! Restez forts dans la foi : soyez-en fiers !
Et la foi en Jésus Christ vous fera grandir, vous aussi, pour construire ensemble votre économie, votre pays et pour porter votre Eglise. Soyons fiers de notre foi.

Aujourd’hui, Il nous arrive de nous plaindre que les musulmans envahissent l’Europe, qu’ils nous imposent leurs manières de faire et de croire. Je pense non seulement aux migrants mais aussi aux travailleurs et aux familles non suisses. Je pense également à ceux de nos familles qui ne pratiquent plus et devant qui nous sommes même gênés de parler de notre foi. Pas tant fiers.
Allons-nous nous replier sur nous-mêmes, nous isoler et laisser faire ?
Ou bien, au nom de notre foi en Jésus-Christ, allons-nous aller vers eux,  d’abord pour les écouter et mieux les comprendre, mais aussi pour leur partager ce qui fait notre vie, nos joies, nos luttes, nos racines chrétiennes ?

Rendre compte de notre espérance

Il ne s’agit pas de recommencer les processions d’antan mais d’être fiers de notre foi en Jésus-Christ qui nous a fait grandir et nous a permis d’arriver là où nous en sommes aujourd’hui, comme disait Ruth.
Etre fiers de notre foi, c’est d’abord être prêts à rendre compte de notre foi en Jésus-Christ, être prêts à rendre compte de notre espérance d’un monde plus solidaire et plus ouvert, vivre un amour plus inventif et plus actif. Sommes-nous prêts à cela ?

Rendre grâce

Aujourd’hui plus qu’autrefois, nous devons nous former, prendre du temps pour méditer, pour faire le point sur notre vie, pour recevoir des enseignements et pour échanger, dans le cadre paroissial par exemple.
Ce matin, commençons par rendre grâces au Seigneur pour la situation de nos pays et de notre Église : tout ça, c’est le résultat des talents reçus, de tout ce que nous avons reçu et de tout ce que nous avons su développer par notre savoir-faire, notre ingéniosité, sans nous considérer pour autant comme les meilleurs. Remercier le Seigneur pour ce que nous sommes.

Ensuite, demandons au Seigneur de savoir toujours mieux répondre à sa confiance et à la confiance des hommes, en accueillant avec bienveillance et en partageant ce que nous sommes, ce que nous savons et ce que nous croyons. Et nous révélerons ainsi la présence, au milieu de nous, du Dieu de Jésus-Christ, un Dieu de justice de paix et de joie.

Dieu notre Père, nous te remercions pour tout ce que tu fais pour nous,
et nous nous remettons entre tes mains avec tous nos projets,
toutes nos activités présentes et nos espérances pour l’avenir.
Seigneur Jésus-Christ, renouvelle et fortifie notre foi en ce Dieu Père
qui veut rassembler tous les hommes,
sans faire de différence entre les uns et les autres.
Que ton Esprit-Saint nous libère de tout orgueil et de toute suffisance.
Qu’il nous aide, chacun à notre place, chacun à notre manière,
à savoir accueillir avec bienveillance
et à savoir révéler ta présence au milieu de nous
en partageant ce que nous sommes, ce que nous savons
et ce que nous croyons. AMEN.


Dimanche de la Mission et 30e dimanche du temps ordinaire
Siracide 35, 15b-17.20-22a; Psaume 33; 2 Timothée 4, 6-8.16-18; Luc 18, 9-14


 

Photo:evangile-et-peinture.org
23 octobre 2016 | 09:13
Temps de lecture: env. 4 min.
Partagez!

plus d'articles de la catégorie «Homélie»