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Homélie

Homélie du 6 novembre 2016 ( Lc 20, 27-38)

Chanoine Jean-Paul Amoos – Abbaye de Saint-Maurice

«Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants».

Mes soeurs, mes frères, chers auditeurs,

La célébration de la Parole de Dieu en ce 32ème dimanche nous plonge en plein monde de mort et de résurrection. Une grande partie de l’Ancien Testament: d’Abraham jusqu’au 2ème siècle avant notre ère, a ignoré la résurrection des morts. Certes, Job, David et les prophètes ont parlé de la présence en Dieu des justes après leur mort, mais Il a fallu que se déclenche la persécution dont parlent les Livres des Martyrs d’Israël pour que se fasse une percée vers ce monde qui ne finira plus jamais.

Il n’est pas de pages plus poignantes que celles des sept enfants égorgés sous les yeux de leur mère. Le sang, les souffrances des innocents crient l’existence d’un autre monde.

Comment concevoir la vie de l’au-delà?

Une grande question demeure: comment comprendre que quelqu’un qui nous est cher nous quitte subitement, définitivement sans nous dire un mot et qu’on affirme être vivant en Dieu! Comment comprendre une vie de relation nouvelle, et arriver à communiquer avec  la personne avec laquelle on a tout partagé durant une vie. Les liens sacrés tissés durant une existence sont-ils éphémères?

L’homme est toujours intrigué en ce qui concerne la vie de demain, et garde dans son coeur mille questions insolubles.

Aux questions des Sadducéens, Jésus  qui est Résurrection et Vie répond: «ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir (…) sont enfants de Dieu et de la résurrection».

Liés à la source de la vie

En Jésus, il y aura des liens plus forts que ceux que nous connaissons sur cette terre. Nous serons liés à la source de la vie. Tous les liens que nous avons sur cette terre seront transfigurés dans ce monde de lumière où il n’y aura plus de fin. Dire comment est ce monde, équivaut à demander comment Dieu est.

Pour sûr, rien n’est simple ni facile…

Il est nécessaire de raffermir notre foi en notre propre résurrection.

Libérés de toutes les limites de l’existence présente

La vie après la mort est au-delà de toutes les images et de toutes les limites que nous pouvons concevoir. Ce ne sera pas une nouvelle vie; ce sera la même vie, mais une vie libérée de toutes les limites de l’existence présente.

La vie est un long chemin, illuminé de tendresse, de bonté, d’amour, donnés et reçus.

«Là ou meurt l’espoir, brille l’Espérance»

Je viens d’achever la lecture d’un livre dont le titre est: «Là ou meurt l’espoir, brille l’Espérance». Oui,  «Là ou meurt l’espoir, brille l’Espérance». Un livre poignant écrit par la Maman d’une enfant de 8 ans,  Anne-Gabrielle, morte d’un cancer des os. Ce livre en dit long sur la foi d›une mère, d’un père et d’un famille chrétienne vivant le chemin et le martyre de leur enfant pendant près de deux ans. Dès l’atteinte du mal les parents ne se sont pas regimbés, ils ont placé leur enfant dans les mains de Dieu et de sa volonté, dans le cœur de Marie et de ses grâces; puis le mal devenant terrible, ils ont fait tout un chemin d’accompagnement de leur fille jusqu’au dernier soupir! Lors de cet accompagnement ils l’aidaient à tourner son cœur vers Jésus qui Lui tendait les bras. Et à la fin ils ont demandé à l’enfant (de 8 ans), lorsqu’elle serait en Dieu, de n’oublier personne, surtout pas les pécheurs.

«Là où meurt l’espoir, brille l’Espérance».

Ces mots devaient être inscrits en gras dans le cœur de tous les chrétiens.

Des questions sur la mort, l’après mort sont inévitables et de toutes sortes… Par exemple, celle que me posait ma grand-mère profondément croyante: «Y aura-t-il assez de place pour tout le monde dans le ciel»…

Se poser les bonnes questions

Il est normal et bien de se poser des question sur la mort et l’après-mort, mais ce qui est dommageable c’est que souvent on ne pose pas les bonnes question au bon endroit.

Le bonheur, le vrai, est-il fait d’absence? N’est-il pas fait plutôt de présence et de présence remplie d’affection, de bonté, d’amour?

Nous ressusciterons pour un bonheur éternel

La réponse chrétienne, que les textes de la messe d’aujourd’hui décrivent avec force et clarté, est tout autre : nous ne mourrons pas définitivement, nous ne réincarnerons pas indéfiniment. Nous ressusciterons pour un bonheur éternel.

Le comment de notre résurrection importe assez peu finalement. Ce qui importe, c’est que nous soyons convaincus que notre vie ne s’arrête pas à notre mort, mais qu’elle est transformée en infiniment mieux et pour l’éternité. Le fait de croire que nous ressusciterons un jour maintient notre espérance à flot sur le fleuve, parfois bien agité, de notre vie. Puissions-nous, comme la Maman d’Anne-Gabrielle vivre cette foi qui permet d’affirmer: «Là où meurt l’espoir, brille l’Espérance».

Quelle consolation que de savoir, d’une certitude de foi, que, lorsque tout est apparemment fini, tout, en fait commence pour de bon et pour l’éternité.

 

 


32e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Lectures bibliques : 2 Maccabées 7, 1-2.9-14; Psaume 16; 2 Thessaloniciens 2, 16 – 3, 5; Lc 20, 27-38


 

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6 novembre 2016 | 09:15
Temps de lecture: env. 4 min.
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