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Homélie

Homélie du 8 janvier 2017 (Mt 2, 1-12)

Abbé Vincent J.-J. Lafargue – Café du Col de Torrent, Villaz, Evolène, VS

Chers amis,

Dans ma famille, l’une des nôtres est décédée il y a quelques années à l’âge de presque 102 ans.

Vous me direz, c’est fréquent aujourd’hui.

Ce qui est moins courant, c’est qu’elle est décédée en 2001… et qu’elle était donc née en 1899.

D’incroyables révolutions techniques

Par conséquent, elle a eu le rare privilège de vivre à cheval sur trois siècles et deux millénaires, mais surtout de voir le XXe siècle en entier.

De vivre d’incroyables révolutions techniques, de découvrir tour à tour l’avion, le néon, le congélateur, les mouchoirs de poche en papier, l’aérosol, la télévision, la montre à quartz, le scotch, le nylon, le stylo-bille, le micro-ondes, le transistor, le velcro, le code-barres, le pacemaker, le laser, le micro-processeur, l’ordinateur, l’imagerie médicale, la carte à puce, le GPS, le CD, Internet, mais aussi l’aspirateur, les cornflakes, la cellophane, le feu rouge, le feu vert, le chewing-gum, le téflon… et plein d’autres choses encore.

Et voyez-vous, quand on lui demandait le progrès le plus important à ses yeux, dans tout cela, elle répondait immanquablement, avec les yeux remplis de lumière : « La paix ».

Elle avait travaillé pour la Croix-Rouge en France, traversé deux guerres, et pour elle, la plus importante invention du XXe siècle c’était la paix. Sans discussion possible.

La paix, un effort constant

Ce trésor qu’elle avait vu de ses yeux au XXe siècle, c’était la volonté commune de toutes les nations ou presque de s’unir pour vivre en paix.

Notre plus grand trésor, c’est la paix. Alors vous me direz peut-être que je ne semble pas vivre dans le même monde que vous, ou que je ne regarde pas les informations, que je ne lis pas les journaux : notre monde n’est pas spécialement en paix, aujourd’hui. Vous aurez raison.

N’empêche, la paix pour les nations, c’est un effort constant, notamment depuis le XXe siècle.

Les mages venus voir le roi de Paix

Et c’est aussi le message de l’Epiphanie. Ces mages sont venus voir le roi de Paix, Jésus, et lui rendre hommage par leurs fameux cadeaux, l’or, l’encens, la myrrhe.

Nous connaissons la signification de ces cadeaux qu’on rappelle chaque année à la même date :
–    L’or parce que Jésus est Roi
–    L’encens parce que Jésus est Dieu
–    La myrrhe, parfum des morts, parce qu’il va traverser la mort et s’en montrer vainqueur

Mais on oublie la signification universelle de ceux qui les apportent, ces cadeaux : les mages.

Ils sont venus de divers endroits, pour signifier l’hommage de toutes les nations. Raison pour laquelle on en représente toujours un avec la peau sombre, d’ailleurs.

Il n’était ni trois ni rois, comme le rappelait un excellent article du Nouvelliste hier.

Leurs prénoms sont probablement fantaisistes, Gaspard, Melchior, Balthazar… Ils auraient très bien pu se nommer Jean-Claude, Abdul, Kévin, il y aurait pu avoir une femme parmi eux qu’on aurait pu nommer Anne-Cécile, et puis Khadija, et puis Elisabeth… Et pi’Fanny, aussi…

Oui, oh j’en ai d’autres…

Le salut du Christ est universel

L’important n’est pas là. L’important c’est qu’ils sont venus des quatre coins du monde, pour l’époque. Pour peu que notre monde sphérique puisse avoir quatre coins, évidemment…

Ils sont venus des nations voir le roi de paix, se prosterner devant lui. Parce que le Salut que le Christ apporte est universel.

C’est ce que nous rappelaient tous les textes du jour d’ailleurs.

Isaïe, dans notre première lecture, parlait des nations qui marcheront vers la lumière du Seigneur… les mages et leur étoile, bien sûr.

Le psaume rappelait que tous les pays verront la paix, que tous les rois se prosterneront devant le roi des rois…

La paix est l’affaire de tous

Et Paul, dans sa lettre aux Ephésiens lue en deuxième lecture, était encore plus clair : « ce mystère, disait-il, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse. »

Quant à notre Evangile, Matthieu y relatait l’épisode de ces mages, probablement savants, astronomes, qui observaient les signes dans le ciel et qui sont venus de si loin pour adorer le roi de paix.

La paix, c’est l’affaire de tous, chers amis.

La paix au fond de nos cœurs, dans nos familles

La guerre ne commence pas quand deux nations se la déclarent. Elle commence bien avant.
La guerre commence au fond de notre cœur quand nous refusons le pardon donné, quand nous avons peine à le donner nous-mêmes, quand nous laissons la haine nous envahir jusqu’à franchir nos lèvres. La guerre commence là.

La paix commence aussi au fond de nos cœurs, dans nos familles, dans nos lieux de vies. Comment souhaiter la paix dans le monde si nous sommes incapables de la créer sous notre propre toit ? Tout commence là, chers amis. Et parfois cela commence aussi par faire la paix avec nous-mêmes, à l’intérieur de notre propre conscience. C’est peut-être la paix la plus difficile, parfois. Bref, on a du boulot, je crois.

Alors en mémoire des mages, soyons, devenons de plus en plus, des artisans de paix. C’est ainsi que nous serons de vrais chrétiens, de vrais disciples de Prince de la Paix.


Solennité de l’Epiphanie
Lectures bibliques : Isaïe 60,1-6; Psaume 71;  Ephésiens 3,2-3a.5-6; Matthieu 2, 1-12

Photo:evangile-et-peinture
8 janvier 2017 | 09:15
Temps de lecture: env. 4 min.
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