"Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte »./Photo:evangile-et-peinture.org
Homélie

Homélie du 18 novembre 2018 (Mc 13, 24-32)

 Chanoine Roland Jaquenoud – Abbaye de Saint-Maurice

Quel évangile ! Voici que le Seigneur nous parle de sa venue. Voici qu’il  nous parle des signes précédant sa venue. Bien plus, il nous demande d’être attentifs à ces signes.

« Laissez vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent ses feuilles, vous savez que l’été est proche ».  Nous sommes capables de voire l’arrivée des saisons à certains signes de la nature. Apprenons aussi à voir l’arrivée de Jésus à certains signes : « De même vous, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ».

Lorsque vous verrez arriver cela… De quoi Jésus parle-il ? Il parle de cataclysmes « En ce jour-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoile du ciel tomberont et les puissances célestes seront ébranlées »

Ces fins du monde qui ne se produisent jamais !

La fin, la catastrophe finale, annoncera le retour du Christ dans la gloire :  nous voilà revenu à toutes ces apocalypses, à toutes ces fins du monde dont les rumeurs nous menacent sans arrêt et qui ne se produisent jamais. Je me souviens de ma dernière fin du monde en décembre 2012. J’étais alors curé à Astana, la capitale du Kazakhstan : on ne trouvait plus une bougie dans aucun magasin de la ville. A quoi auraient servi ces bougies en cas de fin du monde ? Je n’en sais rien, puisque, comme d’habitude, il n’y a pas eu de fin du monde !

Alors quoi ? Jésus est-il donc un prophète de malheur de plus ? Et nous si essayions d’aller un peu plus loin dans notre compréhension de l’évangile ?

Des événements se produisant à chaque génération

« Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive ».

Et pourtant, la génération à qui Jésus parlait dans notre page d’évangile est bien passée. Et si Jésus ne parlait pas ici de fin des temps, mais plutôt d’événements se produisant à chaque génération ? S’il ne parlait pas de futur, mais de présent : du présent de chacune de nos vies ?

Dans  chacune de nos vies, il y a des moments de cataclysmes, des moments où le soleil s’obscurcit, où les étoiles tombent, où même la lune ne donne plus son petit rayon de clarté. On peut vivre ces événements comme des moments d’intense dépression. Mais on peut aussi tenter de se laisser instruire par eux. Peut-être fallait-il que quelque chose se casse en nous, parce qu’il y avait justement quelque chose à casser, une dureté de cœur à briser, par exemple.

La venue du Dieu dans notre vie

Dans tout l’évangile, les pages difficiles concernant les événements précédant le retour du Christ n’ont qu’une seule fonction : nous réveiller, nous faire sortir de notre torpeur bien confortable, nous ouvrir au grand bouleversement que devrait être la venue de Dieu dans nos vies. Et si on sait lire les signes, ils sont nombreux, ceux que le Seigneur place sur notre route pour nous faire enfin sortir un peu de nous-même.

La journée mondiale des pauvres

Le signe de ce jour ? La journée mondiale des pauvres que le Pape François a proclamée en ce jour. C’est un vrai appel à nous convertir, c’est-à-dire à quitter notre fausse relation avec Dieu. Quelle est-elle, cette fausse relation, cette relation de mensonge ? Ecoutons Jésus nous le dire dans l’évangile de Matthieu (25, 41-43 ; 45) :

            « Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : «Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;

j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité (…) Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.» »

Dans plusieurs de ses textes , le Pape nous enjoint de ne pas trop interpréter ces mots, de les prendre très à la lettre. Mes frères, mes soeurs, il est temps de nous laisser déranger, ébranler, convertir. Il est temps de devenir enfin des chrétiens : non pas des chrétiens de banc d’église, mais des chrétiens engagés auprès de leur Seigneur et de ceux qui ont besoin de nous, qui ont besoin de Lui. N’attendons pas demain pour le faire, parce que ce pourrait être trop tard. Nul ne connaît l’heure de la venue de Dieu, « pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père ».


33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques :
Daniel 12, 1-3; Psaume  15, 5.8, 9-10, 11; Hébreux 10, 11-14.18; Marc 13, 24-32


 

«Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte »./Photo:evangile-et-peinture.org
18 novembre 2018 | 17:50
Temps de lecture: env. 3 min.
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