Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives | © Évangile-et-peinture
Homélie

Homélie du 29 juillet 2018 (Jn 6, 1-15)

Abbé François-Xavier Amherdt – Hospice du Grand-Saint-Bernard

 7 notes. Il y a 7 notes dans la gamme : do – ré – mi – fa – sol – la – si. Avec ces 7 seules petites notes, les compositeurs et musiciens continuent d’engendrer de nouvelles mélodies et des harmonies inédites. 7 notes, et cela suffit pour multiplier la musique à l’infini.

La mélodie de la sainteté

Ce sont aussi 7 touches fondamentales d’unité et de bienveillance que Paul nous propose dans sa méditation aux Éphésiens : un seul Dieu et Père – un seul Seigneur – un seul Esprit – une seule foi – une seule espérance – un seul baptême – un seul corps. Comme les 7 notes à partir desquelles écrire notre histoire de vie avec le Seigneur et composer le chant / la mélodie de la sainteté à laquelle Dieu nous appelle toutes et tous. Le pape François vient de nous le rappeler dans son exhortation apostolique Réjouissez- vous et bondissez d’allégresse [sur l’invitation à la sainteté dans le monde d’aujourd’hui].

Il y a d’abord l’accord de base, l’accord trinitaire fait des trois notes que sont les trois personnes de la Trinité. Un seul Dieu et Père à l’image duquel nous sommes créés. DO, la basse fondamentale.
Un seul Seigneur, Jésus le Christ, notre Sauveur et notre Maître, Dominus, la dominante, SOL.
Un seul Esprit, qui est la relation d’amour entre le Père et le Fils, qui fait le lien entre les hommes, la tierce majeur et mineure, MI.
DO – MI – SOL. À partir de là, tout devient possible.

Une seule foi commune

C’est là notre foi, Amen, sur laquelle nous nous appuyons : c’est l’acte de foi qui nous relie personnellement à Dieu. La foi venue de l’Évangile et de la Révélation. La foi, telle la note RÉ, une seule foi commune, qui nous unit au Père dans l’Esprit. DO – RÉ – MI.

Un seul baptême

Puis le baptême qui exprime notre dignité profonde, puisqu’il nous configure au Christ. un seul baptême, semblable pour tous, qui fait de chacun et chacune de nous les fils et filles du Père dans l’Esprit, les frères du Christ, le FA. DO – MI – FA – SOL.

C’est ainsi que nous constituons le Corps unique et unifié du Christ, son Église que Jésus continue de nourrir de sa bienveillance, de son pain de vie et de son corps même à l’eucharistie. Un seul corps, et c’est le LA en Jésus. SOL – LA.

La belle note de l’espérance

Reste le SI, la dernière note tournée vers le haut, vers l’avenir, que l’on appelle la sensible. C’est la belle note de l’espérance. Une seule espérance qui donne sens à notre existence.

DO, le Père – RÉ, la foi – MI, l’Esprit – FA, le baptême – SOL, le Seigneur Jésus-Christ
– LA, le corps de l’Église – SI, l’espérance.

Avec ces 7 notes habitées par le souffle de l’humilité, de la douceur et de la patience, ajoute Paul, nous parvenons à garder l’unité dans la paix et nous inventons la symphonie du Royaume. 7 notes pour une multitude de voix et d’instruments, chacune et chacun avec son timbre et son don propre / son charisme.

La symbolique du chiffre 7 dans la multiplication des pains

Ce qu’il y a de fascinant, c’est que nous retrouvons également cette symbolique du chiffre 7 dans la multiplication des pains, selon l’évangile de Jean. Un miracle de Jésus, en effet, vaut toujours pour le sens qu’il déploie en avant de lui et la transformation qu’il permet d’opérer dans notre vie.

5 pains d’orge et 2 poissons, 5 + 2 = 7. C’est ce qu’un enfant remet à Jésus pour que celui-ci les multiplie et en nourrisse la foule immense venue à lui, devant laquelle il est pris aux entrailles. Le prophète / le Rabbi de Nazareth part de ce que nous lui offrons pour répondre à nos besoins, à nos aspirations les plus existentielles et les plus essentielles, comme celles de manger et de trouver du sens.

Le pain partagé à l’infini

Et c’est avec ces 5 + 2 pains et poissons qu’il pose déjà les gestes qu’il répétera plus tard, dans la chambre haute, avec ses disciples. Il les prend, il rend grâce à son Père, il les partage et les distribue pour rassasier par amour et tendresse les hommes sur la montagne où il s’était retiré. Ici, la Pâque est proche. Bientôt son heure sera définitivement venue, l’heure de se livrer corps et sang pour la multitude.
Cette multiplication, il l’accomplit de l’autre côté de la mer de Tibériade ou de Galilée, c’est-à-dire en pays païen, hors du pays des Juifs. C’est la symphonie pastorale du pain partagé à l’infini, avec 7 notes, 7 pains et poissons, valables pour toutes les nations et les époques.

Lui, le nouveau-né de Bethléem – ce qui veut dire « maison du pain » –, livre le pain qui nourrit les corps et les cœurs. Il orchestre cette distribution illimitée, car il est venu pour combler nos êtres en profondeur, dans sa bienveillance et sa miséricorde. « C’est vraiment lui le prophète qui doit venir », s’exclament les gens en voyant ce signe, en dégustant de ce concert savoureux.
C’est lui, le nouvel Élisée, le successeur d’Élie, qui déjà avait rassasié son peuple.

C’est lui le nouveau Moïse qui fait pleuvoir du ciel la manne inépuisable, bien plus précieuse que la manne du désert d’Égypte.
C’est lui le nouveau David qui à l’époque subsista un jour de disette avec les 5 pains réservés à l’offrande dans le sanctuaire.
Voilà le titre du concerto présenté à nos oreilles réjouies, celui de la pièce jouée devant nos yeux émerveillés. Voilà le vrai prophète, nouvel Élisée ; le vrai prêtre, le nouveau Moïse ; le vrai roi, fils de David. Pas besoin de le proclamer roi comme voulait le faire la foule en l’enlevant. Il est déjà roi, roi de nos cœurs.

En chaque eucharistie, le miracle de la générosité divine se reproduit. 7 pains et poissons, 7 notes : notre assemblée est nourrie, le pain se multiplie, la musique de l’Esprit s’élève, inédite.

Au début comme au terme du texte de l’Évangile, Jésus s’isole. Il est seul. Il est Dieu. Mais il se donne infiniment, avec son amour sans limite. À la fin du repas, il reste 12 couffins, 12 comme les 12 apôtres. Il en reste assez pour nous, pour l’Église aujourd’hui, pour tous les temps, pour toutes les nations qui ont faim. Afin que nous formions un seul corps. Un seul chef d’orchestre, une seule chorale, un seul chant d’espérance.
Une seule bienveillance

« Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père ».


17e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – Année B
Lectures bibliques : 
2 Rois 4, 42-44; Psaume 144, 10-11, 15-16, 17-18; Ephésiens 4, 1-6; Jean 6, 1-15


 

Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives | © Évangile-et-peinture
29 juillet 2018 | 09:30
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