Homélie du 31 janvier 2016 (Lc 4, 21-30)

Abbé Christophe Godel – Basilique Notre-Dame, Lausanne

4e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Jérémie 1, 4-5.17-19; Psaume 70; 1 Corinthiens 12, 31–13, 13; Luc 4, 21-30

C’est quand même drôle : Jésus n’a fait que du bien, et on lui veut du mal.

–    on veut le pousser en bas…
–    on le critique…
C’est un mystère qui restera toute sa vie, et qui continuera dans la vie de ses disciples, et encore aujourd’hui…

Penser à l’image de la Pietà dans la Basilique Saint-Pierre au Vatican… « L’amour n’est pas aimé »
Le cœur du message du Christ est : « Aimez-vous les uns les autres… »
Le magnifique texte de saint Paul aux Corinthiens (1 Co 12, 31–13, 13) nous le redit.

On pourrait le traduire avec d’autres mots, comme l’a fait Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari :

Aimer, ce n’est pas ressentir de amour pour ; c’est vouloir le bien de l’autre, même si je n’ai pas forcément de feeling avec lui ; aimer, c’est vouloir qu’il soit heureux, et y contribuer.

1.    Aimer en regardant bien. Dieu est le Père de tous. Regardons chaque personne comme un enfant de ce Père, et donc comme un frère. Cela nous entraîne à aimer tout le monde, sans distinction, sans frontières. C’est une révolution !

2.    Aimer malgré tout. On aime toujours mieux certaines personnes, plus proches de nous. Les défauts et les faiblesses des autres nous repoussent. Ce qu’ils nous ont fait de mal nous blesse. Il faut les aimer malgré tout. Cela demande du courage. Mais si nous faisons l’effort, Dieu agira en nous et fera le reste, et nous sentirons la joie dans notre cœur.

3.    Aimer concrètement. N’aimons pas de manière abstraite et future, mais concrètement et maintenant ! Mon prochain à aimer est celui qui est là, à côté de moi.

4.    Aimer signifie servir. Le christianisme n’est pas un verni superficiel : un brin de compassion, un peu d’amour et une monnaie pour les pauvres. « Le fruit de l’amour, c’est le service » disait Mère Teresa de Calcutta. L’amour passe par nos mains.

«N’aimons pas de manière abstraite et future, mais concrètement et maintenant !»

5.    Aimer toute la journée. Depuis le moment où nous nous levons le matin jusqu’à celui où nous nous couchons le soir, comment aborder chaque relation avec les autres sans oublier d’aimer ? À l’église, à la maison, au bureau, à l’école, dans la rue, trouvons toutes les occasions pour vivre la charité, être au service.

6.    Aimer est à la portée de tous. Ceux qui n’ont pas la foi peuvent l’appeler philanthropie, solidarité, non-violence. Les Juifs et les Musulmans invitent à agir avec miséricorde pour les plus petites des créatures. Le Bouddha enseigne la compassion pour le monde. L’amour est universel, valable pour chaque époque et pour tous. Si tout le monde agissait ainsi, la terre se rapprocherait du Ciel ! En aimant, on est donc au cœur de notre vocation d’être humain.

7.    Aimer en premier. Le véritable art d’aimer demande que nous prenions l’initiative d’aimer, sans attendre que l’autre fasse le premier pas. C’est ce que Dieu fait : il aime toujours le premier. Le chrétien imite Dieu lorsqu’il fait de même avec son prochain. Attendre que quelqu’un prenne l’initiative d’aimer, c’est peut-être attendre longtemps. Alors que de commencer soi-même, c’est déclencher le climat d’amour. En général, on aime parce qu’on est aimé. L’amour divin, lui, est gratuit. Il est le premier à aimer. Et si la réponse de l’autre se fait attendre ? On peut être déçu. Mais il ne faut pas perdre courage, en étant convaincu que, dans l’amour, ce qui compte c’est d’aimer.

Conclusion :
Décider, chaque matin, de profiter de la journée pour aimer. 3 convictions nous aident :

–    en aimant, le monde sera meilleur
–    en aimant, notre cœur se perfectionnera, il deviendra aimant
–    en aimant, on entre dans la logique de Dieu, et on attire l’action de l’Esprit Saint qui pourra peut-être produire de petits miracles à travers nous, en laissant des traces en nous de joie, de paix, de bonheur.

Voilà pourquoi le cœur du message de Jésus restera toujours : « Aimez-vous les uns les autres… »