Jésus impose les mains à des malades/photo:evangile-et-peinture.org
Homélie

Homélie du 8 juillet 2018 (Mc 6, 1-6)

Chanoine Roland Jaquenoud – Chapelle de la Pelouse, Bex

Mers frères, mes sœurs,

Voilà encore un dimanche où la Parole de Dieu nous parle de foi. Aujourd’hui, nous entendons que Jésus « s’étonna de leur manque de foi ». De qui s’agit-il ? Il s’agit des gens de sa région, de ceux qui devraient bien le connaître. « Il s’étonna de leur manque de foi ». Il s’en étonna à tel point qu’il leur dit ces paroles si sévères : « Un prophète n’est méprisé QUE dans son pays, sa parenté et sa maison ». Comme s’il n’y avait pas d’autre endroit où un prophète – quelqu’un qui vient dire Dieu, sa volonté, son amour – soit méprisé.

2000 ans plus tard

Paroles dures ; paroles qui s’adressent à sa famille, à ses proches. Et 2000 ans plus tard, mes frères, mes sœurs, sa famille, ses proches, c’est nous. C’est nous qui sommes ses frères, ses sœurs, c’est nous qui sommes ses pères, ses mères, c’est nous qui sommes ses enfants. 2000 ans plus tard, y-a-t-il lieu encore une fois que Jésus s’étonne de notre manque de foi ? Je ne répondrai pas à votre place, je répondrai peut-être à la mienne. Bien sûr nous ne sommes pas vraiment choqués, nous, les « bons croyants », de ce que Jésus nous dit dans sa parole. Là, ça va peut-être mieux.

Le fruit de notre relation à Dieu

Mais quel est le résultat de notre foi? Que se passe-t-il avec cette foi que nous avons depuis si longtemps, que nous professons ? Quel est le fruit de cette relation à Dieu que nous prétendons cultiver, jour après jour, dimanche après dimanche. Nous avons entendu tout à l’heure le prophète Ézéchiel : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël », c’est-à-dire vers tous mes enfants, « vers une nation rebelle, qui s’est révoltée contre moi. Les fils ont le visage dur et le cœur obstiné. C’est à eux que je t’envoie ».

Mes frères, mes sœurs, combien encore, parmi les enfants de Dieu, combien sont ceux qui ne savent même pas qu’ils sont enfants de Dieu ? Combien y a-t-il de gens pour qui cette extraordinaire bonne nouvelle du Christ ressuscité, du Dieu qui nous rejoint, qui nous aime jusqu’à se donner soi-même complètement et totalement, non pas seulement un jour passé, il y a 2000 ans, sur la Croix, mais chaque jour dans l’Eucharistie, – combien sont-ils qui ne le savent pas, combien sont-ils ceux vers qui nous n’allons pas, parce que nous disons que cela ne sert à rien, qu’on ne nous écoute de toute façon pas, qu’il nous arrivera des choses pas très agréables ?

Le prophète dit la proximité de Dieu

Peut-être que ces paroles du Prophète Ézéchiel, ou plutôt de Dieu chez le prophète Ézéchiel, nous concernent tout particulièrement : « Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu. Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au  milieu d’eux ». Pour le moment, ils ne savent pas qu’il y a un prophète au milieu d’eux. Qui est ce prophète ? Ce prophète, c’est Jésus lui-même, lui qui est prêtre, roi et prophète. Un prophète, dans la Bible, ce n’est pas quelqu’un qui dit l’avenir. Un prophète, c’est celui qui révèle, qui dit que Dieu est proche, qui dit que Dieu aime chacun, particulièrement tous ceux qui sont loin de lui.

Tans de gens ne savent pas qu’il y a parmi nous, parmi les hommes, ce prophète-là, qui est Dieu lui-même, fait homme, devenu l’un de nous, qui se donne à chacun d’entre nous dans l’Eucharistie pour que nous devenions Lui, que nous devenions nous-même ces relais du Prophète, pour que nous devenions ces prophètes de la Bonne Nouvelle.

Accepter tout

Alors peut-être qu’en nous regardant nous-mêmes, nos peurs, en regardant toutes les difficultés que nous avons à témoigner de notre foi dans ce monde, – peut-être que nous pouvons être réveillés par ces paroles de Jésus : « Et il s’étonnait de leur manque de foi ». Oui, bien sûr, c’est pas facile. Je ne sais pas parler, je ne sais que dire, je ne sais que faire, on ne m’écoutera jamais. Rappelez-vous les paroles de Jésus à saint Paul : « Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Et saint Paul de continuer : « J’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes ». J’accepte tout, parce qu’il y a encore dans ce monde des hommes et des femmes malheureux, j’accepte tout pour dire ce bonheur d’un Dieu qui est si proche qu’il veut panser, guérir, relever. J’accepte tout, dit saint Paul, – lui qui est aussi prophète du Prophète Jésus – J’accepte tout … Que ces paroles puissent, petit à petit, devenir les nôtres. « Il s’étonna de leur manque de foi » était-il dit de Jésus tout à l’heure dans l’Evangile, et saint Marc précisait qu’il n’avait pas vraiment pu faire des miracles dans cet endroit-là. Il n’y avait pas la foi. Pourtant il guérit quand-même quelques malades…

Mes frères, mes sœurs, Jésus est prêt à faire des miracles, à guérir ne serait-ce que quelques malades, si nous acceptions de nous mettre à l’ouvrage et de faire que notre foi, reçue en don de Dieu, devienne une foi vivante, une foi au service de nos frères et de nos sœurs qui ont tant besoin de la proximité de Dieu. Amen


14e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – Année B
Lectures bibliques :
Ézéchiel 2, 2-5; Psaume 122;  2 Corinthiens 12, 7-10; Marc 6, 1-6


 

Jésus impose les mains à des malades/photo:evangile-et-peinture.org
8 juillet 2018 | 14:56
Temps de lecture: env. 4 min.
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