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Homélie

Homélie TV du 16 avril 2017 (Jn 20)

Mgr Kevin Doran, évêque d’Elphin – Cathédrale de Sligo (Irlande)

 

Au cours de ces derniers jours, alors que je préparais cette célébration de Pâques, quelque chose a retenu mon attention. Le mot « témoin » est utilisé cinq fois dans la première lecture des Actes des Apôtres. Manifestement c’est un mot important. Pierre et Paul, Jean, Marie-Madeleine et Luc sont tous des témoins. L’Evangile nous dit que Marie a vu que la pierre avait été retirée. Elle en conclut que le corps a été enlevé par des inconnus et elle va annoncer la nouvelle aux autres.

La présence de Pierre et Jean : importance symbolique

Pierre et Jean arrivent ensuite l’un après l’autre. Jean a suivi Pierre à l’intérieur du tombeau. Il est un témoin attentif. Il nous donne ce genre de détails qui nous permet d’imaginer ce qui a pu se passer. Il utilise peu de mots mais il est clair que Jean a vu les signes que Jésus était ressuscité.

Dans la tradition juive, il est nécessaire que la preuve soit donnée par deux témoins pour qu’un procès soit valide et la présence de Pierre et Jean ensemble au tombeau vide est symboliquement importante. Finalement, le tombeau vide, et même le fait que le linge qui entourait le visage de Jésus soit soigneusement plié, ne sont que des signes indiquant la Résurrection pour ceux qui veulent les voir. Par eux-mêmes, cependant, ils ne prouvent rien. Nous devons chercher ailleurs pour trouver le sens de tout cela.

Saint Paul n’a jamais vu le tombeau vide

Comme Pierre, dont la prédication est citée dans la première lecture, la conviction de Paul est basée sur l’expérience personnelle qu’il a de Jésus, ressuscité des morts. De la même façon, d’autres récits de la Résurrection dans les prochaines semaines nous diront comment quelques femmes ont rencontré Jésus sur leur chemin ce matin-là, et comment Marie, en proie à la douleur, avait vu Jésus mais ne l’avait pas reconnu, jusqu’à ce qu’il prononce son nom. Plus tard ce même jour, deux disciples ont, eux aussi, rencontré Jésus sur la route d’Emmaüs. Comme Marie, ils ne l’ont pas reconnu, jusqu’à ce que, des heures plus tard, il s’assoie avec eux et rompe le pain.

Des témoins qui disent tous : Jésus est vivant

Dans n’importe quelle salle d’audience ou dans n’importe quel compte rendu, les témoins rapportent les faits tels qu’ils ou elles s’en souviennent. Chacun voit les choses de son point de vue et chacun a sa propre interprétation des faits. De petits détails peuvent se révéler très importants mais ce qui compte le plus, ce sont les preuves apportées par les témoins si elles sont solides. Lorsque cela concerne la Résurrection de Jésus, on relève de nombreux petits détails, mais ce qui compte le plus, c’est que les témoins disent tous la même chose : Il est ressuscité. Jésus est vivant.

La Résurrection : conforme aux Ecritures

Ce matin, à la fin de notre passage d’Evangile, saint Jean nous dit : « Jusqu’à présent, les disciples n’avaient pas compris que, selon les Ecritures, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». Pour Pierre et Jean, il est important que la Résurrection soit conforme aux Ecritures du judaïsme. Avec leur propre expérience de la Résurrection, il peuvent regarder Jésus avec des yeux nouveaux. Ils commencent à voir plus clairement comment sa vie et son ministère sont l’aboutissement de la promesse faite par Dieu, et dont les prophètes ont parlé si souvent. C’est pourquoi, dans la première lecture des Actes des Apôtres, saint Luc cite les mots de Pierre : « C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage ».

Une expérience qui change la vie

Etre un témoin a aussi une autre implication qui ressort clairement dans la vie des croyants, après la Résurrection. Nous parlons parfois d’expériences qui changent la vie. Les personnes sont souvent bousculées et changées par ce dont elles ont été les témoins. La vérité exige que nous prenions position. Si Jésus qui était mort, est maintenant ressuscité, cela signifie vraiment que tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a dit pendant sa vie terrestre doit être vu et entendu de manière nouvelle. L’ensemble de son ministère a été authentifié par Dieu lui-même. Nous entendons saint Paul, dans la seconde lecture, prenant l’image de la levure et du pain, exhorter les chrétiens de Corinthe par ces mots : « purifiez-vous des vieux ferments et vous serez une pâte nouvelle – celle du pain non fermenté de la droiture et de la vérité ». Les Actes des Apôtres nous disent que les croyants étaient fidèles à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain, aux prières et qu’ils avaient l’estime de tous.

Leur façon de vivre comme des frères et sœurs témoigne du fait que Jésus est vivant ; C’est ce que souligne l’expression « communion fraternelle » placée dans le texte entre « enseignement des Apôtres » et « fraction du pain », là où l’on ne peut l’oublier.

Invités à être témoins de la Résurrection de Jésus

Avant de terminer, je veux revenir un instant sur la réaction de Marie quand elle a vu que la pierre avait été retirée. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau » dit-elle, « et nous ne savons pas où on l’a déposé ». Je pense que le tombeau vide est une image intéressante pour les chrétiens d’Irlande aujourd’hui, et ceux de toute l’Europe. Notre histoire et notre culture, notre art et notre architecture sont remplis de référence à Jésus. Nous attachons beaucoup d’importance à ce patrimoine. Mais, Jésus lui-même, où est-il ? Où l’avons-nous mis ? Nous a-t-il, en quelque sorte, été enlevé ? Ou bien est-il réellement vivant dans notre société d’aujourd’hui ? Quels sont les signes d’espoir ? Où sont les témoins ? Par « témoins », je ne pense pas à ceux qui ont juste entendu une rumeur selon laquelle il était ressuscité. Je pense à ceux qui ont réellement fait l’expérience de sa présence et de son action dans leur vie et en qui, maintenant, il est vivant. Aujourd’hui, puisque nous avons écouté sa parole, il nous invite à être ses témoins. Nous ne sommes pas appelés à dominer l’ensemble de la société, pas plus que ne l’ont fait les premiers chrétiens, mais il nous faut être présents dans l’espace public pour que les gens puissent voir par eux-mêmes que Jésus est vivant.


DIMANCHE DE PÂQUES : LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume : 117, 1-2, 16-17, 22-23; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9 – Année A


 

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16 avril 2017 | 11:30
Temps de lecture: env. 4 min.
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